Etre du coté des parents

 Il y a quelque chose de très important pour moi dans ce métier, c'est ce qu'on appelle l'accompagnement parental. 

Etre parent, et je le sais parce que je suis mère c'est une chose impossible. On est toujours dans l'"à peu près", le "perfectible", l'"imparfait". 

Quand on a la chance d'avoir un enfant, on se met souvent une pression de ouf,  et la multitude d'information, les jugements multiples de nos familles n'aident pas. Et parfois, lorsque j'entends ou je lis mes collèges sur ce que font ou ne font pas les parents, ça me gêne.

Je crois sincèrement que le jugement et la pression, les "moi, je...", les "vous ne devriez pas..." n'aide qu'à une chose: culpabiliser et accompagner le parent vers une descente lente mais sure vers un relâchement "je n'y arriverai jamais...". Ce n'est pas parce que vous ne faites pas ainsi, qu'ils vont se planter. Et ce n'est pas  forcément parce que les parents ont choisi ce type d'éducation que l'enfant réagit ainsi.

Il est important pour moi, en tant que professionnel, de sentir qu'ils pourront se confier sur tous les doutes qu'ils auront quant à l'éducation de leur enfant. Et pour cela c'est important pour moi de ne pas les juger...

J'ai du mal avec certaines de mes collègues qui parce qu'un enfant pleure dès qu'il est posé, râlent "oui mais ça ce sont les parents! Ils l'ont toujours dans les bras". Oui et? Si un parent a trouvé cette solution pour accompagner au mieux son enfant, calmer ses angoisses et celui de son fils, qui sommes nous pour le juger? Peut-être que nous devons l'accompagner maintenant lui et son petit pour que cette séparation se fasse au mieux et l'aider à découvrir le monde.... Ma phrase à moi c'est "Ne vous en faites pas on va y arriver". J'aime relever les défis... 

 

Notre travail n'est pas d'exiger qu'ils soient des parents conformes à nos croyances mais de les accompagner à assoir leur choix et prendre confiance en eux...

 

 

Je ne pense pas qu'il y a des mauvaises façons de faire quand on éduque son enfant, tant qu'on ne le maltraite pas. 

Et ce qui me dérange, encore une fois, c'est que c'est souvent les mères qu'on attaque. Souvent on pense, on juge la maman qui fait du cododo, qui allaite jusqu'à 18 mois, qui pratique la maternité proximal. Je tiens à le dire ce ne fut pas mes choix en tant que mère. Mais mes choix personnels ne doivent pas intervenir dans mon action professionnelle... 

Je peux en effet refuser (et je l'ai déjà fait) quand mes choix de travail sont trop à l'opposé des choix éducatif: des parents qui me demandent de ne donner que des légumes à leurs enfants, de leur mettre un dessin animé pendant que nous mangeons, etc... Je suis comme tout le monde j'ai mes limites, je ne les mélanges pas avec ma vie pro et si je sens que ça dépasse ce que je peux supporter je préfère ne pas signer un contrat.

Si je sais que je ne suis pas capable d'accompagner une famille, je préfère ne pas me lancer. Je dois rester professionnelle et être professionnelle, c'est laisser mes certitudes et mes opinions (ou pré-jugés au placard).

 

Mon boulot, c'est aussi accepter qu'un parent puisse être dépasser, perdu. C'est aussi oser lui dire "là, il est perdu... l'arrivée de la petite soeur lui fait peut être un peu peur... Voulez vous qu'on en parle? Que je vous accompagne?"

C'est comme ça qu'on devrait d'ailleurs appeler notre boulot: accompagnant parental.

Être parent ça s'apprend. Décomplexer le parent et lui dire qu'il n'y a pas de mauvaise façon de faire c'est rassurant. Souvent les parents me disent "Je sais que je devrais pas faire ça"... Et je répond "Vous faites avec amour? Alors vous faites bien... Si ça ne vous convient plus, on va trouver une autre façon de faire ensemble".

Faire ensemble. Tel est le secret....

A demain?

Ou pas...