Avoir une enfant avec des angoisses envahissantes

 Ce soir j'étais au parc quand j'ai croisé la maman d'un élève qui est dans la classe de ma fille.

Je lui demande comment s'est déroulée la rentrée pour son fils, elle me demande pour ma fille... Je lui dis sans vraiment préciser 

-"Bah tu sais les angoisses de ma fille... Les rentrées c'est toujours un peu compliqué"

- Oh bah oui.... Mais tu sais c'est tout le monde pareil... Mon fils n'a pas beaucoup dormi non plus.

Cette phrase je l'entends depuis qu'Eloise est toute petite. Nous n'avons jamais fait état de ce trouble auprès de personne pour ne pas l'enfermer dans une case, et surtout pour ne pas qu'elle se cache derrière ça pour se trouver des excuses dès que quelque chose ne va pas. 

Du coup, elle est vue comme une fille qui "en rajoute", celle qui est "bizarre", qui a besoin de se faire remarquer.... Qui est ingérable.

On ne l'invite plus aux anniversaire car elle a besoin de s'isoler pour calmer son angoisse, pour ralentir son cœur, mais pour cela il faut gratter un peu. Il aurait fallu lui demander et prendre le temps de l'écouter. 

On veut tous l'inclusion des personnes en situations de handicap mais à la condition qu'il ne nous dérange pas trop... A condition qu'ils rentrent dans le moule...

Non, chère copine ton fils ce n'est pas pareil. Ton fils, il a dormi pendant ses vacances, il ne se reveille pas 4 ou 5 fois dans la nuit pour rallumer la lumière, il ne revient pas se coucher à coté de toi pour s'endormir, il ne perd pas l'usage du geste et de la parole quand on lui pose une question en classe, il ne voit pas un psy depuis 5 ans pour apprendre à dompter ses crises d'angoisses, ses phobies improbables et ses peurs de rentrer en contactes avec les enfants de son âge.

Tu ne dirait pas à la mère d'un enfant unijambiste "Ah bah oui pour lui, la course c'est compliqué... Mon fils c'est pareil il est pas rapide;"

Je ne t'en veux pas. Un handicap invisible reste invisible tant qu'on ne le met pas en lumière.

Ma fille peut être pétrifié à la simple vue d'un voyageur bruyant dans un wagon. Elle a besoin de dessiner 2 à 3 heures par jour pour sortir la pression de la journée. Je l'ai lavé au gant pendant 2 ans parce qu'elle avait peur de l'eau et qu'elle ne pouvait même pas mettre le pied dans l'eau. J'ai encore le film de la première fois où elle a mit la tête dans l'eau. Et j'ai pleuré mardi quand elle m'a dit qu'elle s'était fait une copine...



 

Ma fille se bat, tous les jours contre ses angoisses. Elle n'en parle pas, fait avec, se construit des armes. Je suis dans une admirations totale face à son courage et sa combativité.

Mais s'il vous plait, quand un enfant, semble ne pas rentrer dans les cases, semble être différente ,semble en difficulté... Parlez en avec vos enfants. Encouragez les à leur sourire, à chercher à comprendre, à ne pas juger.... Vous ne savez pas ce qui se cache derrière tout ça.

 

A demain. Ou pas.

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