Nounou au taquet
Je n’en reviens pas. Il y a maintenant quasiment deux ans je crois, sur ce blog, j’ai écrit un article qui était quasiment identique à celui que je viens d’écrire. Je suis à nouveau à bout. Pourtant, les vacances de Noël se sont bien passées, j’ai pu me reposer, dormir, beaucoup. Et voilà quatre jours que j’ai repris et voilà quatre jours que je suis fatiguée.
Vendredi, ma collègue m’appelle. Sa fille est diagnostiquée positive au Covid. Elle a besoin d’une solution d’urgence. Ça tombe bien, une de mes accueillieest malade, elle aussi du Covid, bénin, asymptomatique, dans quelques jours elle ira mieux mais ne peut pas venir la semaine prochaine. Je peux donc accueillir cette petite fille.
Lundi matin. J’apprends par les réseaux sociaux, et non par la voie officielle, que nous sommes « invitées » accueillir jusqu’à six enfants. J’accueille actuellement trois enfants en bas âge. Je vais accueillir pendant quelques jours la jeune Clémence, âgée 22 mois, je ne me vois pas accueillir deux enfants plus. J’ai pourtant la place, ce n’est pas un souci, mais accueillir un enfant ce n’est pas accueillir un chien ou une chèvre. Accueillir un enfant, surtout qui change de décor, c’est l’accompagner, l’écouter, tout en continuant de prendre soin des autres enfants. Alors quand on accueille deux enfants en plus des quatre autres dont il faut aussi prendre soin, c’est limite de l’incompétence.
Et que le gouvernement nous demande d’être incompétente, c’est que quelque part il pense que notre métier n’en est pas un vrai et que finalement garde d’enfants ou garde chiot c’est à peu près la même chose.
Ma collègue me dit qu’elle s’est renseignée et que dans un premier temps, je ne devrais la garder que trois jours. Clémence a une grand-mère qui devrait venir la récupérer en fin de semaine, et lundi si tout va bien elle peut récupérer Clémence. Sa maman, moi, et même sa nounou, nous avons pris le temps d’expliquer à Clémence qu’elle sera là quelques jours et qu’ensuite elle retrouvera sa nounou.
Les deux premiers jours se passent très bien Clémence s’adapte parfaitement bien. C’est une enfant que je connais déjà parce que je fais souvent des promenades avec elle et son assistante maternelle. Elle n’est pas surprise de me voir elle rigole et s’entend bien avec ses copines. Cependant sur les moments un peu clés tels que le repas, ou le coucher, Clémence Réclame un peu sa nounou, un peu son papa, un peu de sa maman, mais trouve le sommeil assez rapidement et sans grand souci.
Hier au moment de partir, je dis donc au revoir à Clémence comme si elle ne revenait pas chez moi. Mais là devant la porte j’apprends que le protocole a changé, et que maintenant ma collègue ne peut plus accueillir même en étant cas contacts mais doit rester 10 jours chez elle depuis la découverte du cas de sa fille.
Logiquement, la maman de Clémence me demande si je peux accueillir aujourd’hui sa fille. Voilà donc à nouveau devant la porte Clémence dans les bras « Clémence demain tu reviens chez Magali. Ce sera la dernière fois une dernière journée et ensuite tu retrouves nounou. ».
Nous voilà donc ce matin récupérant Clémence, en larmes hurlant, pleurant réclamant sa maman, ne comprenant plus rien, qui du jour au lendemain se retrouve balancée chez une assistante maternelle qu’elle connaît à peine, avec des habitudes qui ne sont pas les siennes, est obligée de se réadapter alors qu’on lui avait promis qu’elle allait retrouver sa nounou.
Je calme, je rassure, je la fais jouer avec la deux ans particulièrement prompt a partager ses affaires, on accompagne on cajole, on câline bref la journée se passe bien je couche les enfants à 13h, et j’ai un appel en larmes de ma collègue.
« Magali, la Pmi vient de m’envoyer le protocole, je ne peux à nouveau pas accueillir, je dois encore patienter sept jours, car en fait c’est pas 10 jours que je dois rester isolée mais 17 jours. »
Donc ce soir je sais que rebelote, il va falloir annoncer à une petite fille de 21 mois, que lundi, non elle ne retrouvera pas nounou mais pendant une semaine elle va revenir chez moi… J’espère sincèrement que sa grand-mère aura pu Se libérer, pour son bien-être à elle, même si je ne vois aucun inconvénient à l’accueillir, c’est une petite fille parfaitement facile et mignonne, avec des parents très agréables, juste je trouve que ça relève de la maltraitance.
Et vous savez pourquoi ? Parce que encore une fois qui a-t-on oublié ? Les tous petits, et les professionnels qui s’y rattachent… Donc on maltraite cette enfant (qui n’est sans doute pas la seule !), On se retrouve avec des parents perturbés de voir leurs enfants si mal, et ici il y a deux professionnels : une professionnelle au bout du rouleau qui pense arrêter parce qu’elle ne sait pas quand elle va pouvoir reprendre son travail. Et une professionnelle désarmée et désappointée, anxieuse de reprendre son travail lundi parce qu’elle ne sait pas si elle va trouver les mots justes, et l’attitude adaptée, pour une petite fille totalement perdue.
Pour avoir travaillé dans le milieu scolaire, éducatif, je savais ce qu’était la maltraitance institutionnelle. Je découvre la maltraitance gouvernementale. Comment faire confiance à un gouvernement sur la protection de l’enfance et la protection des femmes, si eux-mêmes organise une maltraitance institutionnelle qui maltraite les enfants en bas âge ? Comment faire confiance à un gouvernement qui oubli ces plus jeunes citoyens et par cet oubli les mets en danger psychique et parfois physique. Je connais des parents qui ont dû confier leurs enfants à de parfaits inconnus et qu’ils payent au Black.
Encore une fois, il y a deux ans nous avons envoyé cents 160 lettres au gouvernement, au ministère de la petite enfance, qui sont restés sans réponse. Combien de fois avons-nous envoyé les courriers ? Combien de fois avons-nous tagué Adrien taquet sur nos pages Instagram? combien de fois avant nous fait appel au syndicats ? Avons-nous fait appel à nos Pmi ? Avons-nous fait appel au RAM ? Pour que la situation soit tout à fait identique à celle connue il y a deux ans?
Comment peut-on en deux ans, ne pas avoir trouvé de solutions ? Ne pas avoir anticipé une solution face a un problème qui de toute façon sera récurrent dans les 10 prochaines années ?
J’ai parfois l’impression, que ce gouvernement cherche une mise à mort de notre métier. Peu importe cette mise à mort, ce qui m’inquiète c’est que dans cette mise à mort on tue à petit feu la santé psychique des enfants.
À demain ? Ou pas
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