Badassbuzz: Lily Myrtille

Quand j’ai commencé à chercher des références d’assmat 2.0 qui échangeaient sur leur métier, une des seules qui m’a séduite c’est Lily Myrtille. C’était l’une des rares à parler ouvertement de toute la complexité de notre métier, tant dans la paperasserie que dans l’accompagnement, qui parlait de rupture de contrat et de difficulte de communication avec les parents mais aussi de l’amour infini que l’on portait aux petites Têtes  blondes qui habitaient nos maisons 5 jours par semaine et 10h/24. Elle était vraie et elle portait un discours que je portais moi même. Elle était de ma tribu.

Alors quand m’est venu l’idée d’interroger des Assmat sur leur métier, la première qui m’est venu a l’esprit c’est elle. Il me semblait évident de la questionner puisque c’est elle qui m’avait donné envie de parler de mon métier, de mon engagement, pour montrer qu’on se multipliait plus vite que les petits pains. 

Comme en plus d’être un modèle pour moi, elle est adorable, elle n’a pas hésité plus d’une demi-seconde pour me dire oui... alors je vous laisse en tête à tête avec la jolie Lily Myrtille en espérant qu’après vous aller courir sur son blog!

Je t’ai rencontré grace à ta page instagram où tu parles de ton travail mais pas que... Tu sembles être une assmat formée et impliqué, préoccupée par les nouvelles découvertes quant à la bienveillance et l'éducation positive. Est-ce que tu te sens représentative d'une nouvelle génération d'assmat?

Oh oui j'espère ! Je me bats au quotidien contre les clichés de la société sur les assistantes maternelles et pour une meilleure reconnaissance du métier. Je pense également représenter les ass mats 2.0 qui sont de plus en plus nombreuses sur les réseaux sociaux pour rompre l'isolement de notre métier et partager nos valeurs et nos capacités professionnelles à un plus large public que les parents employeurs.

Beaucoup d'assmat arrive dans ce métier parce qu'elles en ont rêvé  avant. Est-ce que c'est ton cas? Quel est ton parcours?

J'ai toujours voulu être auprès des enfants et j'ai ce projet ass mat depuis mes 19 ans. Alors bien sûr, le projet n'a pas pu se réaliser tout de suite. Je me suis formée et j'ai travaillé plusieurs années en crèche puis en tant qu'auxiliaire parentale auprès de petites jumelles de leurs deux mois à leur entrée à l'école. Lorsque la vie me l'a permis, je me suis lancée et j'ai fait ma première demandes d'agrément. C'était en 2014. Ces expériences m'ont beaucoup apporté humainement et professionnellement, et ont permis de construire l'assistante maternelle que je suis devenue. 

Penses-tu que ta façon de faire est liée aussi à la façon dont tu as été éduquée,, à tes valeurs ou es-tu de genre à lire énormément et à construire ton professionnalisme en fonction de ce que tu apprends?

Oh non je pense que je suis à l'opposé de l'éducation de mes parents sur beaucoup de points. Je travaille avec douceur et bienveillance, on va dire qu'à la maison c'était beaucoup plus rock'n roll. Mais j'ai grandi avec beaucoup d'amour et de liberté. J'ai appris au fil des années à moduler ma pratique professionnelle, d'abord auprès de mes collègues de crèche (éducatrices de jeunes enfants et auxiliaires de puériculture) puis avec les différentes familles avec lesquelles j'ai travaillé. Chaque  enfant va apporter sa pierre à l'édifice et faire évoluer ma pratique. 

Quel rôle penses-tu jouer auprès de ces enfants? 

J'estime avoir un rôle très important lors de l'absence de leurs parents. Nous sommes leur adulte de référence et nous devons être à la hauteur de leurs besoins physiques, intellectuels et affectifs.

Comment pensent-tu qu'ils te perçoivent? 

J'espère qu'ils me perçoivent comme l'adulte à qui ils peuvent avoir pleine confiance.

Et comment penses-tu que les parents te perçoivent? Quel place t'offre ou te laisse t-ils?

Je pense que cela dépend des parents. Certains me considèreront comme une simple garde d'enfants (alors que nous avons pourtant une si grande responsabilité !!!) et d'autres comme un membre de leur famille. Je dois avouer que cela me rend parfois triste lorsqu'une relation s'arrête au même moment qu'un contrat, mais on s'y fait avec le temps. On sait que certains parents ne garderont pas contact, mais on s'habitue à ce sentiment avec le temps. Pour ma part, je suis attachée aux enfants accueillis, je prends soin d'eux comme s'ils étaient mes propres enfants, ils ont tous une place particulière dans mon coeur, un lien d'attachement naturel lorsque l'on s'occupe de bébés! Je reste à ma place de professionnelle et quand les parents me laissent une place plus intime par la suite, je la prends avec plaisir. J'adore revoir mes anciens petits accueillis!

Quels sont selon toi tes points faibles en tant qu'assmat? 

Parfois, je me sens seule et désemparée face à certaines situations notamment lorsque je rencontre des difficultés avec un enfant. Passer le relai comme on peut le faire en crèche notamment. 

Que mets tu en place pour essayer de faire mieux? Ou accepte-tu cet imperfection et laisses-tu couler?

J'essaie de relativiser en me disant que nous sommes toutes humaines et que montrer nos sentiments est aussi important pour les enfants. Parfois je m'agace, je crie, car je ne suis pas parfaite mais je m'excuse et j'explique que c'est aussi parfois difficile pour moi en tant qu'adulte. J'ai aussi fait le choix de ne pas travailler sept semaines par an afin de me permettre des temps de repos réguliers afin d'être disponible au maximum au quotidien pour les enfants. 

Quelles sont tes forces? Tes qualités?

Ma force c'est ma passion pour la Petite Enfance! Vraiment je pense que sans passion on ne peut exercer ce métier sur le long terme car nous sommes soumises à la fatigue et au stress (cris, pleurs, attentes des parents, administratif). Je pense être douce, à l'écoute (des enfants et des parents), organisée et flexible. J'écoute le rythme des enfants et leurs envies, et ça fonctionne plutôt bien!

Que transmets-tu aux enfants? Ou du moins qu'est-ce qu'il te semble important de leur transmettre, de leur apprendre?

J'accorde une place importante au respect de l'autre. Je leur apprends à respecter leurs corps et le corps des autres. On se fait beaucoup de câlins mais si un des copains n'a pas envie d'en faire un, alors on respecte son choix. On s'excuse et on se pardonne... Je n'accueille actuellement que des filles et pour moi il est très important de leur dire qu'elles ne sont pas uniquement belles mais surtout fortes. Qu'elles soient fortes et fières de ce qu'elles sont! Les jouets n'ont également pas de genre à la maison, même si Nounou aime clairement beaucoup trop le rose! Jouer dans la nature est aussi un point important: manger de saison, connaître les animaux et les insectes que nous rencontrons (pas de zoos ni de cirques ici!), ramasser les déchets... Et j'ai hâte d'avoir un jardin pour être un maximum dehors pour explorer.

A demain?