La solitude de mon métier

Souvent quand je dis que je suis assistante maternelle, on me répond que j'ai de la chance : Je travaille à la maison.

On oublie rapidement les responsabilités, les 52 heures par semaine, je commence parfois à 7h, je finis parfois à 21h, Je dois assurer repas, changes, activités, horaires, soins...

Tout ça pour 3,70e de l'heure... Et seule.

J'adore mon métier mais la première chose qui m'a frappé fut la solitude. D'autant que j'accueille un enfant en situation de handicap. Et quand il est en crise, je suis vraiment seule. Et pour tout dire, la période de crise n'est pas le plus dure. Car tu es dans l'action, tu fais, tu calmes, tu protèges, au fur et à mesure. Tu trouves des solutions, tu vois ce qui marche, tu fais au mieux.

Le plus dur c'est l'après. Quand la pression redescend, et que tu es seule, sans personne à qui parler, décompresser, échanger.

Il m'est arrivé au début d'essayer d'en parler à mon mari, mais n'étant pas dans le milieu, il ne comprenait pas... 

Puis un jour je suis allée au parc. J'y ai rencontré Delphine. Une grande gueule, du nord, avec des expressions improbable et une gueule aussi grosse que son coeur de chti. C'est tout de suite passé entre nous.

Je connaissais déjà Cécile, avec qui nous avions des vies jumelles, des amoureux similaires, et une façon de travailler communes. On se voyait un peu dehors, mais nos horaires ne correspondaient pas toujours...

Delphine m'a vite proposé de la rejoindre pour des promenades le matin. Elle m'a parlé des assistantes maternelles qu'elle côtoyait. Je lui ai proposé qu'elles nous rejoignent. Au début c'était timide puis un jour, la douce Nathalie nous a rejoint... La gentillesse et la douceur même...

 On a commencé à s'organiser des sorties: zoo, chateau, RAM, visites des jardins dans la ville d'à coté... On a rencontré  Cyrienne, Geraldine, Camille, Laetitia, Magali.... Et quelques autres sont en cours de "rejoignement".

Prochainement nous aimerions emprunter une salle pour faire un peu de motricité, embaucher une animatrice pour faire de l'initiation à la musique, et prévoir une sortie au parc animalier pendant les vacances.

Ces rencontres m'ont fait un bien fou...

D'abord parce qu'échanger sur nos métiers (attention on garde la discrétion professionnelle, on ne parle pas de la vie des enfants), est tellement vitale pour nous. Ensuite chaque matin des promenades sont organisées. Parfois on est 2, parfois 8. Les habitants de la communes rient en nous voyant mais nous félicitent. 

Ensuite on se soutient. 

Si une de nous cherche un contrat, on se file les appels qu'on ne peut pas prendre, on organise des "restos nounous" de temps en temps,  ... Bref on est devenues copines.

Ce n'est pas bon que pour nous.

Les enfants se connaissent et sont contents de se retrouver. On se réinvente pour trouver des activités originales pour les enfants, et moi qui ait des enfants très espacés en âges, ils trouvent des copains du même âge qu'eux. Dernièrement le #18mois a prit le jeu de téléphone et a dit clairement "allo Lina?-, Lina étant la petite que garde Delphine... 

Il n'y a que des points positifs à ce groupe. Là où on pourrait s'endormir, il est force de proposition, d'inventions, pour échapper à la routine et proposer toujours plus de choses aux enfant. Quand à nous, on a gagné plus que des collègues, des copines et on a abandonné la solitude...

Pour moi c'est une des solution pour sortir de la routine et de la solitude. c'est celle qui me convient et je suis fière de ce petit groupe que nous avons su créer. Et je ne peux que vous encourager à tenter cette expérience!

A demain?  

Pic-nique au bord de l'eau l'été dernier avec les enfants et les collègues....