Ma famille ou mes engagements?

Il y a 2 ans, alors que je venais d'obtenir mon agrément, j'ai rencontré la maman du #19mois. Enceinte au dernier degrès. Nous n'habitions pas la même commune, elle ou son mari devaient faire un détour de 10 km pour venir me le déposer, mais le coup de foudre était évident entre nous.

Ça arrive peu souvent dans notre métier mais ça arrive. Vous rencontrez des parents, et c'est évident, vous avez très envie de travailler ensemble.

Avec la famille du #19mois ça ne s'est jamais démenti. Pourtant sur le papier, je n'aurais jamais dû prendre cette famille là: un petit contrat, des horaires très étendus.... Mais rien n'a entaché cette relation. D'autant qu'avec le #19mois nous avons une relation particulière: Le fait de l'avoir eu à 3 mois confère un lien unique.

Lorsque j'ai signé avec cette famille, je savais qu'elle était infirmière en soin intensifs. Ai-je pensé qu'un jour cela impliquerait un engagement plus ardue? Non.

Si pour les autres, il me semblait évident de demander aux parents de garder les enfants chez eux, pour le #19mois continuer à accueillir, me semblait tout aussi évident. D'autant que jusque là, elle n'accueillait pas de malades...

Mais les choses s'accélèrent. Et j'ai un mari hypocondriaque. Vous voyez le mélange?

Parce que la difficulté de notre travail n'a jamais été plus vraie qu'aujourd'hui: Nous accueillons mais, notre maison accueille aussi. Notre maison physique, mais notre maison familiale aussi. Ma fille, mon mari, côtoient tous les jours les enfants que je garde. Je leur fais prendre, des risques à eux aussi.

Mais un contrat, un engagement pour moi, ça a du sens. Cette famille là, quand je les rencontré, je me suis engagée. Évidemment, je n'aurai jamais pu imaginer une seconde qu'une maladie aurait décider de décimer la terre des hommes. Mais est-ce qu'un engagement n'engage que lorsque tout va bien?

Me voilà donc dans un impossible choix. Dois-je protéger ma famille d'une hypothétique contamination dont 98 pour cent des malades s'en sortent (donc 2% en meurent). Ou dois-je continuer d'accompagner une famille dont la maman risque sa vie elle-même pour venir en aide aux malades, et dans un service qui, pourrait potentiellement me sauver; moi, ma fille ou mon mari?

Je sais que beaucoup ont fait ou ferai leur choix et je ne juge personne, j'aimerais que ce soit aussi simple pour moi. Les liens que j'ai tissé avec cette famille (mais j'aurais envie de te dire, comme avec les autres parents s'ils avaient été dans ce cas là) sont plus important que ne l'aurais imaginé. Ce n'est pas un lien d'amitié ni de devoir, c'est un entre deux, qui n'a pas vraiment de nom mais qui a quand même une implication émotionnelle voire sentimentale.

Ce matin, un peu au péril de mon couple et de ma santé, j'ai envoyé un message à ces parents en leur disant que de toute façon ils pourraient compter sur moi. J'y ai beaucoup réfléchi, chéri aussi a compris, même s'il le vit très mal, mais pour moi, il m'est impossible économiquement (oui ça compte aussi) humainement et moralement de refuser cet accueil. 

J'espère à demain...








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