Chers parents imparfaits

Chers parents,

Je lisais aujourd'hui plusieurs posts assez culpabilisants sur ce que l'on doit être en ces temps de confinements et je vais vous dire ça m'a un peu fatigué. Alors oui, il faut faire du sport, la cuisine, le pain, les devoirs, s'emmerder, tout ranger sa maison à fond, jouer avec les enfants, tenir bon dans  sa tête, penser à parler aux enfants pour les rassurer, ne pas trop exprimer son angoisse pour ne pas angoisser les autres, penser à appeler ses parents qui sont seuls chez eux, penser à s'habiller, manger à heures fixes, ses voisins qui sont agés, etc..

Et cette pression et d'autant plus forte chez les femmes comme d'habitude.

Alors moi j'ai envie de vous dire. Quand ma fille est née, il y avait un courant qui a été lancé par trois journalistes que j'aimais beaucoup: Johanna Sabroux, Nadia Daam et Emma Defaud. Et on était rassurées de savoir que certaines mères, comme nous, donnaient des petits pots, des pâtes deux soirs sur trois, et mangeaient les chocolats kinders des enfants une fois paques passé. 

Oui mais l'éducation bienveillante est passée par là. Et maintenant si tu ne parles pas à ton enfants avec trois octaves de moins pour ne pas l'effrayer et que tu hurles de douleurs pendant l'accouchement, tu devient une mère de merde. Loin de moi l'idée de ne pas être bienveillant avec son enfant, et d'essayer de faire au mieux. Mais il y a un moment si on nous laissait juste la possibilité de:

- être imparfait

- de se planter

- de craquer

- de lâcher prise

- de plaisanter grassement sur notre nullité en tant que primipart

C'est pas grave cher parent. C'est pas grave si tu loupes un ou deux jours d'école à la maison parce que tu préfère regarder les aristochats. 

C'est pas grave de le laisser chanter à tue-tête dans sa chambre alors que tu t'étais jurée qu'aujourd'hui on reverrait les divisions.

C'est pas grave de manger de la pizza trois soirs de suite parce que ce confinement t'épuise...

Tu as le droit d'avoir envie de les jeter trois fois par semaines par la fenêtre, ça veut pas dire que tu es un mauvais parent (si tu le fais par contre, là ça pose un plus gros problème. Oui. Même si tu vis au rez-de-chaussée).

Non, tu ne mérites pas d'être déchue des tes droits parentaux car tu as crié pendant la dictée et que pour la 786eme fois il a écrit "ils déchires". 

Oui, tu as le droit d'avoir plus envie de braquer un bar à cocktail que de jouer pour la 56eme fois au jeu de l'oie.

Cette photo le prouve. Tout ce qui est cité dans cette lettre est du vécu...

T'as le droit d'en avoir marre, d'avoir envie de divorcer un jour sur deux, d'avoir envie d'aller faire un tour, de prendre du plaisirs à faire tes courses car tu es enfin seule, de pleurer, de luter, de ne pas être écolo, de laisser pleurer 5 min parce que tu veux regarder la fin de la casa de papel, de donner le biberon parce que comme ça chéri peut prendre le relais et toi dormir cette nuit.

Tu as compris l'idée?

Oui. Tu ne seras pas un mauvais parent si tu penses à toi. Au contraire.

Dans un avion, si tu as ton enfant à coté de toi et que les masques à oxygène tombent, on te demande de prendre d'abord de l'oxygène et ensuite de les mettre sur le nez de ton rejeton ensuite. Pourquoi? Parce que si tu es en manque d'oxygène tu meurs et par conséquent il meurt.

Dans la vie c'est pareil. Il faut que tu respires. Et c'est pas rien de le dire. 

Si tu as reconnu la référence laisser un message.

Bref. Je m'égare. J'en étais où déjà? Ah oui. L'oxygène tout ça, tout ça.

Bref. C'est une période difficile alors pense à toi et ne t'oublie pas. Fais toi livrer de la bouffe pour faire des repas en amoureux avec chéri (une fois dans le confinement le livreur ne mourra pas plus vite), abuse de disney plus, des pâtes et des plats surgelés. Prends 12kg d'enfermement et laisse ton fils finir le paquet de bonbon et se coucher à 23h s'il en a envie. 

C'est pas grave. Si on est touchés demain, on s'en voudra de ne pas avoir profiter de ces "laisser aller". T'es pas obligé de le dire. Mais on a besoin, plus que jamais, de respirer... 

A demain, ou pas.