Bon. Faut que je vous fasse un aveu. Le matin, c'est mon moment à moi: seule devant ma tartine ricotta/oeufs brouillés, je traine devant "Plus Belle La Vie" et "Mamans et Célèbres"... Allez c'est bon... Marrez vous les gars... J'assume totalement (ou presque...)
Bref. Donc ce matin, ça ne loupe pas... je regarde. Et puis arrive Martika. Bon soyon honnête, ce n'est pas franchement ma préférée... Elle est à l'opposé de mes valeurs, et le coté "La maternité c'est tellement facile... Mais franchement.... J'ai plus de mal à me couper 45cm de cheveux que de me lever 4 fois par nuit pour donner le sein."
Bref. Elle m'énerve.
Mais là elle a touché le sommet de l'Himalaya de mon énervement.... Qu'elle dise et pense des conneries, libre à elle mais les dire dans une émission suivie majoritairement par des jeunes filles et des femmes enceinte, comment te dire que j'ai envie de lui dire de se taire avec la douceur de Corinne Masiero, et la sagesse de Sylverster Stalone...
Donc dans la séquence, elle appelle sa copine Hillary. Hillary, elle est prête à expulser la pastèque dans la seconde. Bon comme toute maman devant une caméra de TFX, elle exprime ses peurs "j'ai peur de l'accouchement, je sais pas si je vais y arriver... Est-ce que je saurai être une maman?"
Et, la Martika, lui sors toutes les connerie possibles et inimaginables.
Tu vas voir c'est inné...
Alors le coté c'est inné... Comment te dire... Le truc de dire déjà que la femme est faite pour enfanter, c'est de la connerie en branche. D'abord parce qu'il y a des tas de femmes qui ne ressentent pas ce besoin d'avoir des enfants, et des tas d'hommes qui crèvent de ne pas en avoir. Donc reposer le désir d'enfant comme un état naturel c'est juste être excluant, misogyne et jugeant...
Ensuite, c'est aussi sous entendre qu'un enfant, du moment que tu l'as dans tes bras, tu l'aimes.
Bah non. Ce n'est pas si simple. Il y a aussi des tas de femmes qui ont besoin de s'acclimater avec leur enfant, de le connaitre, de le découvrir pour l'aimer. L'ocytocine ça fait pas tout. Et puis une truc qui vous réveille toutes les nuits entre 2 et 3 heures du mat pendant 6 mois, des fois vous regrettez un peu la vie d'avant... Vous n'avez pas vraiment envie de le rendre hein... Mais le confier à quelqu'un qui ferait le job à votre place jusqu'à son entrée en maternelle... Sur le fond... ça demande réflexion.
Être parent, ça s'apprend, on fait des erreurs et tant mieux... Mais c'est tout sauf inné. Je vous rassure tout de suite, vous ne reconnaitrez pas instinctivement les pleurs de votre bébé, il y a des jours vous aurez envie de tuer son père, de larguer tout le monde sur un quai de gare et de prendre des vacances avec mojitos offerts sur n'importe quel bord de plage (non, ça ne sent pas le vécu comment ça??)
On a l'instinct maternel
Alors l'instinct maternel... Comment te dire...
Je crois qu'on aurait moins de spectacle en mettant Omar Sy et Marine Le Pen sur un ring.
Non mais sérieux...
Je récapépète l'histoire quand même parce qu'il faut pas déconner.
La notion d’instinct maternel est apparue au milieu du XIXème siècle. Il représente l’état psycho-affectif d’une mère ayant une attitude protectrice et sécurisante envers son enfant.
Chaque mère aimant et protégeant son enfant, ce sentiment est alors considéré comme « naturel ». C’est pour cela qu’au XIXème siècle on en est venu à parler d’instinct comme peut l’être l’instinct animal.
Bon. Reprenons. Le XIXeme siècle c'est quand même l'époque où on a commencé à voir disparaitre les nourrices . Bah oui, l'air des grandes inventions, on quittait les champs, tout ça tout ça... Sauf que les gamins à l'usine, bah c'est pas comme dans les champs, on peut pas les emmener sur le dos pendant qu'on resserre les écrous. Donc comme on va pas demander aux hommes de rester à la maison (ils les portent pas, ils vont pas en plus aller leur donner le sein), bah on a dit aux femmes "bah vous allez rester à la maison", bon les femmes, elles avaient pas envie trop trop de rester à la maison hein... Et donc on leur a dit "Mais siiiiiiii! Hé... C'est vous qui avez l'instinct maternelle... Dans genes c'est inscrit "s'occuppe mieux des enfants qu'elle en resserre les boulons".". Et voilà comment pendant 150 ans on nous fait croire qu'on a l'instinct maternel et qu'on nous fait culpabiliser quand on ne veut pas d'enfant ou qu'on va bosser en les laissant à l'assmatbadass.
Parce que vous remarquerez quand même qu'on ne culpabilise pas les pères avec l'instinc paternel. Pourtant je vous jure que les papas que je vois défiler ici, sont tout aussi impliqués, inquiets, amoureux de leur enfant que les mamans. Parce que parler d'instinct maternel c'est aussi une façon de virer les papas de cette affaire de parentalité. Parentalité qui, vous le remarquerez est volontairement et aisément remplacé par le mot "Maternité" que l'on retrouvera d'ailleurs à l'école "maternelle". Comme si les hommes n'avaient pas leur place et leur mot à dire dans la petit enfance...
Alors soyez sympa les gens... Votre instinct maternel, tirez la chasse d'eau dessus c'est le seul endroit où il a sa place.
Le mythe de la bonne mère
Encore une fois est-ce que le fait de l'avoir porté 9 mois nous donne plus de responsabilité dans ses frustrations, son évolution, je ne crois pas. La définition de Winnicott du concept de la bonne mère est la suivante. "La mère suffisamment bonne est celle qui est capable de suivre
les possibilités de son enfant à faire face à la frustration, ni trop
longtemps absente, ni trop possessive ou envahissante. Le passage d'une
adaptation parfaite aux besoins de l'enfant à une moindre adaptation s'effectue
progressivement ce qui permet au nourrisson de quitter l'état de fusion sans
passer par des angoisses insupportables dues à la perte brutale du holding et
du handling mais également d'associer ses sentiments de colère à l'absence de
la mère et de maintenir en lui une représentation de celle-ci."
Vous le voyiez, l'enfant, une fois sortie du ventre de sa mère a besoin de s'éloigner, de se décoller d'elle... D'apprendre tout doucement qu'il y a un autre monde en dehors du ventre de maman. C'est pour celà, qu'aujourd'hui on va privilégier tout de suite le peau à peau avec papa dès les premières minutes...
L'affection, l'attachement, les besoins de lui apporter un "plus" qu'aux autres, il vient du temps passer avec lui, qui va favoriser l’ocytocine (hormone de l'attachement) que l'on retrouve de façon aussi importante chez les hommes que chez les femmes (d'ailleurs je rêve d'une étude sur les émotions des conjoints après une fausse couche, plutôt que de valoriser leurs soutiens auprès des mamans endeuillés).
La bonne mère n'est qu'un terme pour culpabiliser celles qui ne font pas comme il nous semblerait bon de faire ... Mais chacune fait comme elle veut et surtout comme elle peut. Une maman seule, dépassée n'est pas forcément une mauvaise mère. Elle peut simplement être perdue. Et ce dont elle a besoin c'est surtout d'accompagnement, sans de jugement.
Chère Martika, je sais que tu ne me liras jamais, mais si l'envie te prend je t'invite à laisser tomber tes expressions toutes faites. Je me doute bien que tu as très peur qu'on te juge sur la façon d'élever ton bébé, ou sur ton manque d'organisation ou sur ta façon de faire. Je te juge pas, déjà sans caméra j'étais comme ça, alors avec...
Le plus grand bien que tu puisses te faire c'est d'accepter et de dire que c'est dur, qu'il y a des jours tu as envie de pleurer, que tu aimes ta fille très très fort mais que quand elle pleure à 18h30 sans raison, tu es perdue parce que tu ne sais pas comment la consoler... C'est pas grave c'est humain. Et c'est merveilleux pour un enfant d'avoir une maman humaine, imparfaite et qui se plante. Parce que comme dit le prof de maths de ma fille "C'est en se trompant qu'on apprend".
Soyez indulgentes avec vous mêmes les filles... et sinon à demain.
Ou pas.
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