Puisque vous êtes sourd monsieur Taquet....

 Cher Monsieur Adrien Taquet,

 

Bon. Soyons honnête. Comme chacune de nos revendication, en tant qu'assistante maternelle semblent tomber dans une faille spatio-temporelle, je peux arrêter de prendre des pincettes avec vous non?

Non parce que là je suis très énervée. 

Nous avons envoyé 160 lettres. Lettres que j'ai reçues, lues, triées, envoyées. Votre prédéceseuse nous avait promis un dialogue. Pas de bol! Elle a été virée entre temps. On vous a rappelé l'existence de ces lettres. Rien que dalle nada. Ah si "Oh... Nous ne sommes pas au courant... Ah si! Nous les avons retrouvé!". Bah super... On est contents pour vous de savoir que quelqu'un a dû retirer cette pile de lettres et trouver un livre de Yann Moix pour caler son bureau bancal....

Hier, nous avons été encore une cinquantaine à manifester notre désaccord sur les réseau sociaux. Toujours rien. Aucune réponse. Aucun début de raisonnement. Rien.

 

Mais en fait je vais vous faciliter la vie: Si vous ne savez pas quoi faire pour nous comprendre, il suffit d'ouvrir les réseaux sociaux, lire les blogs, écouter nos douleurs. Mais en fait soyons clair. On le sait, on ne va pas se mentir. On va arrêter de faire comme si vous alliez un jour faire comme si on existait... 

Vous n'en avez strictement rien à foutre....  Vous n'attendez de nous que l'on s'épuise. Qu'on se taise voire qu'on passe à autre chose. Il va y avoir de moins en moins d'enfants à garder, alors si on disparait ... ça ne changera pas grand chose. Puis de toute façon, il y a tellement de personnes qui se précipiteront vers ce métier facile d'accès, et assurant un salaire et une pérennité hein? Qu'est-ce qu'on en a à foutre des assmat au fond...

En gros, vous nous prenez pour des cons.  Ou pour des connes. Parce qu'il est à peu près sur que dans votre tête, les petites bonnes femmes qui font ce métier sont sous-diplomées, ancienne mère au foyer qui s’occupent et n'ont pas les moyens de se défendre ou de lever les barricades. Sauf que, même si votre affirmation est fausse, (et oui, à mon image, beaucoup d'entre nous, ont fait des études et ont choisi cette reconversion pour diverses raisons), l'idée qu'une femme non diplômée et occupant une place que vous-même vous trouvez que trop peu valorisante, n'ait pas les moyens intellectels de se révolter  est insultante. Elle se révoltera pas selon vous,  puisqu'au détour d'une vidéo, d'une lettre, d'un message instagram, vous lui avez juré ses grands dieux que vous aviez de la considération pour elle et que vous allez prendre des décisions fortes pour l'accompagner au mieux dans son boulot. Vous nous prenez vraiment pour des connes.

Monsieur Taquet, j'ai un bac +4, un DEES et une équivalence de maîtrise de science de l'éducation. Pour être au plus prêt des enfants, observer et développer des techniques éducatives, j'ai choisi d'être assistante maternelle. J'aime m'inspirer d'Emi Pikler, je me forme en ce moment sur l'autisme. Les prochaines formations que je vise sont sur la langue des signes, les troubles du comportements et les nouvelles pédagogies de la petites enfance. Je suis une fille de l'éducation nationale, où l'on m'a appris l'égalité, le respect et la laïcité. Mais aussi la lutte pour la justice. J'ai toujours voter dans ma vie car je crois que c'est le dernier rempart contre l'obscurantisme. 

Mais quand on se retrouve face à un ministre qui ne vous respecte pas, un ministre qui semble attendre une place plus importante que celle de s’occuper de la petite enfance, qui voit cela comme un marche pied en attendant "plus haut"....C'est vrai: Qu'en a t-on à foutre des petits? ça ne parle pas et ça ne vote pas. Quand on se retrouve face à un  ministère qui laisse souffrir du COVID des femmes parce que ce sont les seules qui ne sont pas protégées, où est la justice et l'égalité que l'on m'a apprise petite à l'école de la république?

Ma mère va m'appeler dans un quart d'heure pour me dire qu'on ne parle pas comme ça à un ministre. 

Moi je crie ma colère. Mais crier ça n'a pas l'air de suffire monsieur le secrétaire d'état... Donc puisque vous n'entendez pas, autant vous dire le fond de ma pensée. 

Cordialement. Ou pas.