Ma maison est une démocratie (même quand tu as 6 mois)
Parfois quand je suis faible et fatiguée, je regarde maman et célèbres. Oui bon oui on a tous nos programmes débilos et moi voir des mères galérer autant que moi si ce n'est plus ça me réconforte un peu...
Dans le tas il y a Cindy. Je l'aime bien Cindy. Elle rigole beaucoup, son mec est impliqué, elle assume son coté "Je fais comme je peux", elle accepte de dire que sa fille est parfois casse-pied, qu'elle a parfois envie de voyager à nouveau, de dormir ou de se faire des resto... Bref. Elle assume que même si elle est folle dinge de sa fille c'est parfois relou d'être parent.
Mais l'autre jour j'ai vu une scène qui m'a un peu choqué. Et qui m'a amené à une réflexion sur nos enfants. Donc Alba fête son premier anniverssaire, et sa maman a fait venir une photographe pour illustrer ce moment. Elle lui pose une jolie couronne de fleurs fraiches sur la tête mais Alba n'en veut pas. Mais sa maman et son papa ont décidés que la photo se ferait avec la courronne parce qu'elle est trop jolie avec.
Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre. Je pense que pour un tas de raison j'aurais été capable de faire ça sans trop me poser de question. Mais inversons l'histoire...
Je suis une adulte de 42 ans, et je pose devant un photographe. Une amie, ma mère, mon mec, arrive et pose sur ma tête une couronne de fleur qui ne me plait pas. Elle me pique me gratte et me gène. Et pour couronner le tout je ne peux pas parler.
Je l'enlève donc pour signifier mon choix.
Mais la personne me la repose sur ma tête. Je l'enlève donc.
On me propose un gâteau. Et on me refout la couronne. Je la jette loin. Au bout de la dixième fois je crois que je lui fais bouffer sa couronne et je marche sur le gâteau avant de crier sur tout le monde.
Voilà ce qu'on est en train d'imposer à un enfant. Trop souvent on pense que parce qu'il n'a pas la parole, il n'a ni la pensée, ni la volonté...
Ici avec les enfants, tout est discuté et rien n'est imposé si il n'y a pas de danger. Alors oui, je ne te le cache pas que la vie ainsi avec des enfants est bien plus compliquée. Mais je leur demande aussi, même au plus petits de vivre aussi avec mes volontés et ce que je ne veux et ne veux pas: je suis dans un jour de fatigue et je n'ai pas envie de venir jouer avec eux, je leur explique: "aujourd'hui, je suis fatiguée et j'ai mal au dos, donc je vous propose que vous jouiez ensemble et comme ça demain je reviens en forme et je sors la peinture et la pâte à modeler."
Ca s'appelle apprendre à vivre ensemble et je trouve que c'est notre rôle premier en tant qu'assistante maternelle. Que l'autre soit âgé de 6 mois ou 3 ans, on apprend à décrypter ce dont il a besoin et on ne le force en rien. Tu ne veux pas manger tes brocolis? Tu as gouté? Tu laisses. On sort les enfants? Non? Pas ce matin... Bon bah on va faire des décos de Noël.
Ici c'est une maison démocratique où il y a des lois (on ne monte pas sur le canapé, on enlève ses chaussures avant de rentrer dans la maison, on se dit "bonjour" et "au revoir", on ne tape pas, ne mord pas, les jouets sont à tout le monde donc on ne pique pas les jouets des voisins...), mais où la voix de chacun est entendue (et les plus petits qui n'ont pas encore la parole ont autant leur droit de vote que les autres). Chaque activité est discutée et réfléchie, un jeu n'est pas appliqué forcément dans sa règle. Par exemple hier la #23mois a voulu jouer avec le jeu de Bingo qui comporte des fiche magnétique et des aimants pour noter sur les cartes des dessins que l'on a pioché. C'est un jeu que j'ai acheté pour la trois ans.
La #23mois a passé une heure à jouer a coller et décoller les pions. D'abord n'importe où puis sur les images. Peu importe elle a appris quelques chose seule, s'est occupée... Si j'avais dirigé le jeu au bout de 5 min on aurait arrêté le jeu et jamais elle n'aurait voulu rejouer avec et en comprendre les vraies règles.
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Tant pis s'il faut enlever la peintre du parquet... |
L'autre soir j'ai une copine qui m'a appelée et en discutant de mon boulot, elle me dit "tu fais vraiment un super boulot avec eux mais c'est sur que ça doit être fatiguant, et que il ne fat pas avoir peur". Ou cette collègue qui me voit faire avec la #23mois, et qui me voit prendre 5 min sur la route pour lui expliqué que je n'ai pas pris la sucette, donc rien ne sert de pleurer mais que si elle est fatiguée elle peut faire un bout de promenade dans la poussette avec la poupée. J'ai attachée la poussette avec un ruban pour ne pas qu'elle tombe et on a pu attendre la maison pour retrouver la sucette. Ma collègue me dit "toi, le premier qui me dit que t'es pas patiente avec les enfants...."
Ce que je veux dire c'est que cette "patience", ce temps pris, ces explications, ces libertés, ce sont des investissements sur l'avenir. Tout ce qu'ils apprendrons en terme de respect de l'autre, reflection, application des lois et écoute et respect de leurs envies et de leurs besoins, c'est du temps disponibles pour les apprentissages scolaires, pour l'écoute de soi et des autres. C'est un pari sur la société de demain pour changer de ce qui ne fonctionne pas aujourd'hui. Notre génération a été élevée dans l'idée qu'on doit écouter l'adulte et que ce n'est pas nous qui décidons. On explose aujourd'hui quand on nous demande de porter un masque parce qu'on ne supporte plus d'entendre "obeis et tais toi". Il est temps de fabriquer une génération qui se dise "On me le demande et c'est necessaire pour la société, je fais. Mais toi qu'est-ce qui est necessaire pour toi, et que peut on mettre en place pour que ça te paraisse vivable?"
Et oui, même la phrase de cette nouvelle génération est plus chiante à écrire....
A demain? Ou pas...
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