Un mars et ça repart?
Je suis dans une période de doute et de remise en question. Les inquiétudes personnelles, la fatigue, les attentes de confinements, pas confinements, les enfants malades, la neige, le froid, ... Tout vient nourrir mes incertitudes.
Avec beaucoup d'humour je me surnomme l'assmat badass. Il n'empêche que je suis comme tout le monde il m'arrive parfois de fatiguer, d'être moins bonne, de moins travailler ou du moins de travailler moins bien. S'en suit alors une période de doute, où je me sens nulle, où je n'ai plus l'instinct de "faire", de ne plus être au taquet.
Est-ce que ça aussi c'est un sujet tabou dans le métier? A t-on le droit à un moment donné de se sentir, nulle, seule, pas à la hauteur des enfants, de trouver que tout ce qu'on propose est nul, qu'on est trop dans la répétition, trop à se reposer sur ses acquis?
Dommage que photoshop n'arrange que les valises sous les yeux |
Oui en ce moment je ne me sens pas à la hauteur... Je n'y arrive pas. J'ai l'impression que si j'avais un troisième bras je m'en sortirai peut être mieux. J'essaie de rester douce et attentive avec les enfants mais je ne leur propose pas assez...
Les vacances arrivent la semaine prochaine, je pense que c'est ce dont j'ai besoin.
Mais encore une fois, je suis étonnée qu'on entende jamais parler de cette fatigue, de ces doutes dans notre métier. Lors des formations, personne ne m'a mis en garde contre cet état, sur les forums, dans les discussions, personne n'en parle. Pourtant, entre assmat assez proche je me rends compte que ce n'est pas rare. Et parfois, il suffit d'une rencontre, d'une discussion avec une collègue, d'un nouveau projet pour que ça reparte. Si on n'atteint pas le stade du burn out, je sais, qu'il est facile, juste en se positionnant dans un autre cadre de vue, en se reposant un peu, on remonte facilement la pente et on repart.
Mais on dirait que de dire cela c'est comme dire "je suis une mauvaise professionnelle". Alors qu'il me semble, que reconnaitre ses failles, ses fatigues, c'est plutôt bon signe non? C'est la capacité à se remettre en question et reconnaitre qu'on est vigilant quant à son état et sa pratique professionnelle.
La fatigue, le ras-le-bol son totalement tabou dans nos travaux. Alors qu'on est soumis à des horaires pas possibles, une responsabilité de dingue, à un renouvellement incessant et paradoxalement à une routine sous-jacente... On est déconsidéré sans cesse et en même temps, qui pourrait assurer notre charge de travail, notre temps de travail, lié à un grand temps d'observation, d'analyse. On nous demande d'être pédagogue, éducateur, administrateur, gestionnaire, cuisinier, infirmier... Et on n'a pas le droit d'être fatiguées? Personne ne le dit? On ne nous prévient même pas?
Je vois des collègues qui démissionnent, parce que qu'elles pensent qu'elles ne sont pas faite pour ça parce qu'elle s'investissent, se fatiguent, et ne sont pas récompenser à la juste valeur de leur travail. Parce que c'est vrai. Même si ça me met toujours mal à l'aise, ça rebooste toujours un parent qui vous dit "vous êtes une super nounou", ou "je sais qu'il est bien chez vous" ou encore "c'est génial ce que vous proposez"... Parce que vous ne le faites pas pour rien, vous savez qu'il y a quelqu'un qui comprend la hauteur de votre engagement. Quand en prime, en face il y a des parents qui ne vous parlent qu'horaire et argent... Il y a de quoi s'enfoncer dans l'épuisement.
Alors cheres collègues j'ai envie de vous dire: parlez, partagez, osez dire que ce métier est crevant, fatiguant, anxiogène et difficile. Osez dire qu'en ce moment, vous ne faites pas du bon boulot parce que vous êtes fatiguées et que vous avez besoin de ce temps de "moyen" pour repartir. C'est pas grave. Prenez soin de vous, et redevenez l'assmat badass dans quelques jours, dans quelques semaines. On n'a pas besoin d'être au top tout le temps. C'est un apprentissage aussi aux enfants: l'autre peut être fatigué, malade ou juste pas avoir envie. Et il faut l'accepter... Enseignez leur l'altruisme et l'attention qu'ils peuvent aussi vous porter. Vous n'êtes pas le chef. Vous êtes une équipe avec ces enfants où chacun apporte quelque chose aux autres. Soyez là vigilent, mais accepter d'être une locomotive en gare.
A la semaine prochaine? Ou pas.
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