Quelques soirs par semaines, quand les beaux jours reviennent, je descends au au parc avec les enfants pour gouter. L'occasion de se frotter aux délices de l'école maternelle et les joies de sa cour pour les plus grands et de côtoyer des enfants de leur âge pour les plus petits.
Depuis quelques semaine, la maman d'un petit garçon de 3-5 ans, propose des activités aux enfants: elle joue au loup, elle les fait danser, tourner sur eux-même. Les enfants l'aiment beaucoup et rient et parfois s'excitent beaucoup autour d'elle, qui aime visiblement beaucoup jouer à l'animatrice du parc.
Avant d'expliquer ma position, à ce sujet, je tiens à dire que je n'ai rien contre cette maman, et que cet article n'est pas une tribune contre elle. Comme beaucoup, je pense, elle veut faire bien, et met en place des actions qui lui conviennent et qui l'aligne avec l'image qu'elle veut avoir de sa maternité.
Pourtant, moi la grande joueuse devant l’éternelle, je ne joue jamais avec les enfants au parc.
JA-MAIS.
Est-ce que je me considère comme une tata du parc pour autant? Pas plus.
Bon l'assmat badass tu vas la cracher ta valda?
La première chose au parc, que je fais c'est de les observer. Le parc est un lieu incroyable pour la motricité: des sols différents, grimper, courir, monter sur la balancoire, se pencher pour cueillir une fleur, attrapper une fourmi (minuscule et en mouvement), sauter, grimper sur le toboggan.... Bref ils s'exercent librement, sans aucune contrainte et à la vitesse dont ils ont besoin.
Je reste là, pas loin, à les regarder. Parfois ils viennent me chercher, parfois ils galère longtemps et je leur propose "tu as besoin d'aide ou tu fais tout(e) seul(e)"?".
Voilà comment la pédagogie Montessori s'invite au parc. La vrai hein. Pas la methode et ses jeux à 670 boules pour un bouton et une aiguille.
Toute leur vie, la plupart de ces enfants auront des injonctions d'apprentissage, de travail. Le parc est pour moi le lieu protégé du jeu libre.
Un jour; dans une lettre au ministre, j'ai lu une de mes collègues écrire "ils ne font que du jeu libre et je n'aime pas ça".
Et bien moi je privilégie ça, et qui plus est au parc. Laissez les jouer. Laissez les découvrir. Voyez les enfants qui jouent, non pas comme des enfants qui flânent et ne font rien, voyez cela comme des enfants qui cherchent, qui apprennent et qui découvre. Jouer c'est leur travail, c'est leur outil pour apprendre. si vous jouer, et proposer le jeu, c'est comme couper leur viande à 10 ans. C'est apaisant, sécurisant, ça va plus vite pour vous mais vous les ralentissez dans leur fonctionnement d'apprentissage.
Leur offrir le luxe et le goût de la liberté
Les enfants que nous accueillons ont pour la grande majorité, moins de trois ans. On sait que, dans un ou deux ans ils aborderont l'école avec plus ou moins de plaisirs. Dès la petite section, ils devront obeir, s'asseoir à 10h27 au coin regroupement et coller des gommettes sur un fil dessiner à 11h02. Dans la cour ils seront observés pour savoir s'ils ne s'isolent pas trop, si ils coopèrent bien, s'ils ne sont pas trop violents.
A l'école on observera s'ils rentrent bien dans le moule qu'on leur demande, dès trois ans, et gare à vous si votre enfant ne sait pas lire dès le mois de fevrier de son CP, ou ne parle pas à ses camarades en petite section (c'est bien connu nous, au boulot, on a toujours un collègue avec qui on a envie de boire l'apero)...
Alors laissez leur le parc, pour flâner, et n’obéir à personne. Un lieu où, on peut apprendre à s'ennuyer, où il n'y a pas un adulte de plus qui occupe tout l'espace et qui dirige le groupe, ne laissant, une fois de plus, pas d'espace au rêveur, qui ne veut pas jouer avec les autres, ou au timide qui a besoin d'observer pour rentrer dans le jeu auprès de ses camarades pour les approcher. Laisser les s'apprivoiser, s'accepter et se frotter les uns aux autres, sans diriger le groupe. Laissez les établir leurs propres règles dans leurs propres jeux. Vous en ferez des bâtisseurs, des créatifs, pas des exécutants.
Laissez les s'ennuyer
Beaucoup d'adultes qui sont dans ce type de comportement, le font car ils ont peur que les enfants s'ennuient. Dans notre société en mutation, l'ennuie est perçue souvent comme une perte de temps, ou un manque à gagner d'un apprentissage. On leur propose alors des jeux "éducatifs" comme si les jeux pouvaient être autre chose qu'éducatifs... Il faut qu'ils avancent, qu'ils parlent à 8 mois, marchent à 13 mois et sachent lire en fin de grande section.
Laissez les s'ennuyer. Il va s'inventer des jeux, créer de la relation avec ses partenaires, apprendre en les observant, faire attention au monde qui l'entoure. Il va développer ses passions, affiner ses compétence, s'exercer à ce qu'il sait déjà. L'ennui c'est le monde de l'autonomie et du devenir soi.
Bref. Je ne suis ni une tata du parc, ni une grande joueuse avec les enfants. Je pense que l'essentiel est qu'ils apprennent qui ils sont, et ce qu'on voudrait qu'ils soient, et cela ne se fera que par le jeu. Ils apprendront aussi à respecter l'autre dans son espace et dans ce qu'il est et cela augure d'un mini monde plus harmonieux.
A la semaine prochaine? Ou pas.
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