Comment je suis devenue l’assmatbadass

 Ma vie d’avant


Petite, je rêvait  de devenir « maîtresse d’école ». Ma mère avait toujours rêvé d’être prof, rêve lui-même hérité de mon grand-père, immigré italien, fils de maçon, qui n’avait échappé à sa condition que par le génie d’un de ses maitre d’école, Qui lui avait proposé une formation de préparateur en pharmacie. Mon grand-père rêvait d’enseigner. Mais s’il était né dans une famille, violente, malheureuse, soumise à l’immigration et au mariage forcé … Ainé de la famille il avait hérité de ses peines. Alors il a renoncé à son rêve, pour échapper à sa famille et est devenu préparateur en pharmacie. Il avait toujours en tête ce Maître , sauveur, et ma mère, à cultivé très jeune cette envie de devenir prof des écoles. Cet héritage était  lourd mais sans doute rêvait-t-elle plus ou moins consciemment, de me le transmettre. J’aimais être avec les enfants depuis toute petite, je n’imaginais pas que d’autres métiers de transmission et d’accompagnement pourrait exister. J’avais un modèle de prof, à la maison, dévouée, compétent, et avec une idéologie formidable… Mon destin était donc tracé. Je serai maîtresse d’école. Mais la vie vous amène là où vous devez aller… Et parfois ça prend du temps…

En seconde je croise le théâtre, et je m’aperçois que ça prend le pas sur tout. Je vais être comédienne. Je n’ai pas confiance en moi, je suis en pres-dépression. Et tout à coup la lumière… On me trouve du talent… On me regarde… On me dit que je suis formidable… C’est là que je veux être.

Mais si tu veux être comédienne le manque de confiance en toi est compliqué à gérer… Je commence une fac de théâtre… Je joue de trois roles par ci par là à gauche à droite… Mais c’est tellement difficile de décrocher ne serait-ce qu’un rôle de figurants. Je me dis que je ne suis pas à la hauteur, et surtout je me dis que je ne suis assez joli ni assez parfaite pour être comédienne. Je n’ai personne derrière moi pour m’encourager et me dire que je pourrais y arriver… Je m’engage dans une école pour être éducatrice spécialisée. Aider les autres c’est aussi une façon d’attirer un peu la lumière à soi.

Je réussis plutôt bien mes études. Je suis engagée très vite en psychiatrie. Puis je virevoltais entre différents postes avant de rencontrer L’amoureux. Je trouve un poste auprès d’adultes déficients intellectuels et j’y resterai six ans. Mais à la fin ça se passe pas très bien je me prends beaucoup la tête avec mes collègues, qui ont une vision un peu vieillotte est pas très évolutive de notre travail. Une seule de mes collègues me soutiens et m’accompagne dans mes projets.  Mais je me sens très seule et je craque très vite. Je déclenche un burnout et je me dis qu’il faut que je me barre de là. Mon frère me montre que l’on peut devenir professeur des écoles même si je n’ai pas le niveau requis. Je me dis pourquoi ne pas réaliser mon rêve de petite fille ? Je me lance, je passe le concours, j’arrive 18e. Pendant deux ans je vais de formations en classes… Je ne rentre pas dans les détails mais ça ne se passe pas bien. Ça ne se passe pas bien parce que je ne suis pas faite pour ça. La réalité est tellement loin de ce que je veux faire et de ce que j’imagine de l’école. Et je rencontre des professionnels pour la plupart (heureusement des exceptions me feront garder foi en l’éducation nationale), Tellement avides de pouvoir, jugeants, Parfois malveillants, Voir malhonnêtes. Je suis en souffrance. Je ne suis pas soignée. Et je me retrouve face a un nouvel échec. Je décide de prendre les deux ans que le chômage m’offre pour me Reconstruire, et bâtir un nouveau projet professionnel.

Mon déclic



Et puis un jour je croise l’ancienne assistante maternelle de ma fille. Je lui raconte tout mes déboires. Elle me propose de venir faire un stage dans sa MAM. Et je réalise soudainement, que l’on peut parfaitement travailler auprès des enfants, sans pression administrative, sans commande de l’État, avec une liberté totale, en utilisant mon savoir, mes idées, le cadre et l’organisation que m’ont enseigné l’ éducation nationale. Je peux à la fois utiliser mes qualités naturelles, mes défauts naturels, mais aussi tous les bagages que j’ai pu construire et acquérir au fil du temps.




Action!

 Ni une ni deux, je téléphone à la Pmi pour savoir quelles démarches je dois faire pour pouvoir obtenir un agrément. On me demande D’envoyer une lettre de motivation. Un mois plus tard je reçois un formulaire d’inscription et une convocation à une réunion d’information. J’attendrai encore trois mois avant d’envoyer mon dossier. Je veux faire des stages, pour être sure que je suis capable d’accueillir et d’être en tête-à-tête avec des enfants toute la journée. J’enchaîne plusieurs Stage, en MAM, En crèche, en halte-garderie, j’y redécouvre la pédagogie Pickler, la voit appliquer sur le terrain. Ça me donne l’envie de me recentrer et de relire les bases… Je me passionne pour Pikler mais aussi pour Decroly. Au mois de mai la puer passe. Le 24 mon agrément est officiellement donné. Il manque encore une dernière petite formation. Le 15 octobre, Mikael premier accueilli, passe le pas de ma porte. 

Et maintenant?


Et maintenant j’ai vraiment l’impression d’être à ma place. Mon mari travaille à la maison, et lui si rétif à l’idée que j’accueille des enfants ici, parle avec douceur et admire les enfants qui sont en sa présence. Il rigole et je crois qu’il les aime presque plus que moi… Moi, j’ai enfin l’impression d’être moi, d’être à ma place, même si parfois je n’ai pas toujours l’impression d’être en phase avec les autres assistantes maternelles. Ni au-dessus ni en dessous, j’ai parfois juste l’impression d’être un peu différente, un peu à part,  et je ne sais pas toujours quoi faire de cette différence.

Depuis Michael, huit enfants se sont succédés. J’ai une affection particulière pour tous. Pour l’instant je n’ai perdu de vue aucun des trois enfants qui nous ont quitté, même s’ils sont partis loin. Et je me dis que quelque part je les ai  un peu marqué quand même… Parce que je les aime fort ces enfants là même si c’est pas forcément professionnel de le dire. C’est un métier passionnant. Je dis souvent que j’ai la chance de commencer toutes mes journées par une promenade, j’ai la chance d’avoir pour cœur de métier de regarder des enfants grandir et évoluer…  Ce n’est pas toujours facile, c’est même souvent très difficile, mais pour rien au monde je reviendrai à ma vie d’avant.

À la semaine prochaine. Ou pas



Commentaires

  1. Un tres jolie parcours 👏 parfois j ai l impression de me reconnaître 😉

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    1. C'est aussi ce que j'aime dans ce métier... On vient tellement d'univers différents...

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  2. Hello Magali. Il est très difficile de se construire et cela prend du temps. Ton parcours a fait de toi la personne qui t'a permise d'aller faire ce métier et de le faire avec tes convictions. Quant aux collègues, les différences s'expliquent pour de nombreuses raisons : s'interroger sur sa pratique, pourquoi on faut ce métier, les motivations, etc. Bises. CAT

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