Etre contre l'éducation bienveillante?

Il y a quelque semaines j'ai vu cet article tourner en boucle: Pourquoi je n'aime pas l'éducation bienveillante?... Et beaucoup d'ass mat relayer et approuver alors j'ai décidé de le lire...

J'avoue que j'ai été quelques peu surprise par cet article, et j'ai décidé de lui répondre, mon point de vue... Même si je suis à peu prêt sure qu'elle s'en fout, mais peut-être qu'un autre son de cloche pourra faire avancer le débat...

Revenons au début de l'article.

En fait, il y a une série d’articles que je veux écrire depuis longtemps, mais qui sont particulièrement délicats. Chacun de ces articles a pour but de montrer qu’il faut éviter toute radicalité et adopter des positions beaucoup plus nuancées, en particulier lorsqu’il s’agit de parentalité et d’éducation.

Bon alors on va partir d'un postulat bien simple: Je suis là pour donner un avis qui n'est en rien une vérité. C'est une opinion qui doit permettre d'ouvrir le débat pour être au plus proche des besoins de l'enfant et trouver notre bon fonctionnement, celui qui a du sens et qui sera suffisamment bon (vous avez vu comment je place discretos Winnicott là???), pour accompagner au mieux l'enfant être au plus prêt de ses besoins... 

Donc reprenons. J'ai beaucoup de mal déjà avec cette expression "il faut". C'est comme une injonction à la "bonne éducation". Il faut adopter des positions beaucoup plus nuancées. Déjà pour moi le problème n'est pas dans la nuance mais dans la bonne maitrise de la pédagogie. 

Reprenons l'exemple de notre bonne vieille Maria. Je suis depuis quelques temps un papa, très attentif à son fils qui revendique la pédagogie Montessori dans son éducation. Je vous ai déjà fait un papier là dessus, peu de personne savent rééllement ce qu'est Montessori. Et là il ne déroge pas à la règle. Chaque exercice est bien un exercice Montessori, mais il accompagne, dirige, pose des questions. Il utilise un outil mais pas la pédagogie. Et ce n'est pas parce qu'on a un couteau de boucher qu'on est boucher. 

Donc, et ça c'est un principe scientifique. Avant de parler ou de s'engarger dans quelque chose il faut en donner une définition afin qu'on parte tous sur la même base.

L'éducation bienveillante est une éducation où l'on va considérer l'enfant comme un être humain à part entière en appliquant les même règles que pour un adulte: on va prendre en compte ses émotions, ses frustrations, lui expliquer mais aussi le fait que son cerveau ne soit pas à maturité et que donc, par conséquent quelques émotions et réactions disproportionnée doivent être contenues, expliquées et accompagnées. Je ne vous refais pas le coup de l'article sur le caprice...

Bref je m'égare.


Parents bienveillant vs parents malveillants

 

Voilà la première définition qui est donnée: "
Les mots ont leur importance. Sachant que « bienveillant » signifie littéralement « qui veut du bien », franchement, quel parent n’est pas bienveillant ?"

Bon déjà je ne vais pas vous apprendre (oui, j'ai été éducatrice pendant 10 ans ça aide), que oui il y a des parents qui veulent du mal à leurs enfants. Mais qu'en plus cela ne suffit pas. On peut vouloir tout le bien du monde à son enfant, bah il n'empêche qu'on peut quand même faire mal. Et ça tombe bien parce que c'est là que ce niche l'éducation bienveillante.


Il y a 20 ans on a découvert que les émotions étaient liées à certaines zones du cerveau, et que ces zones du cerveau étaient les dernières à se developper puisque ils le seront  aux alentour de 25 ans. Donc quand on puni un enfant parce qu'il a fait une crise pour un bonbon, et qu'on n'a pas cette information, on a l'impression d'éduquer et de faire bien. Sauf qu'on créé surtout de l'insecurité et de l'incompréhension... Je ne juge pas ceux qui applique cette méthode d'éducation. Et je ne leur dis pas qu'ils sont bienveillant. Je dis juste qu'ils n'ont pas la connaissance necessaire pour être bienveillant.

Mais ce soir-là, une maman a témoigné, en expliquant qu’elle n’en pouvait plus : elle travaillait et le soir, en rentrant du travail, son fils restait absolument scotché à elle, ne la laissait même pas préparer le repas, et la harcelait pour qu’elle passe la soirée à jouer avec lui. Il occupait de plus toute son attention, au détriment de ses autres enfants !
Au fond, je crois que la plus grande difficulté était que cette maman n’avait aucun sas de transition entre son travail et la maison, et qu’elle aurait eu besoin de se recharger avant. On sentait qu’elle était à bout d’énergie (on voyait même des larmes perler à ses yeux). La suggestion de celle qui organisait le cercle de parents ? Prendre sur elle et passer un moment sur le trampoline avec cet enfant en décalant le dîner.

Voilà à mon sens une parfaite illustration de ce que je démontrait plus haut: le problème n'est pas le choix de l'éducation mais de connaitre et appliquer correctement une pédagogie. Ici, une maman a un enfant avec beaucoup de besoin et elle semble épuisée. Elle parle de sa fatigue, de son épuisement, et de son incapacité à trouver des solutions... Et on lui répond "enfant".

L'éducation bienveillante est un fonctionnement familiale, de groupe, qui inclue l'enfant comme un être humain aux besoins équivalents à celui de l'adulte. On prône une équité et une écoute dans les besoins de chacun. Ce n'est pas une dévotion totale à l'enfant!!! Ici Quid du papa? De la famille? De lui proposer de prendre le relais? Afin que l'enfant aient des besoins qui soient respectés et une maman qui soient apte à appliquer cette pédagogie car elle sera reposée et prête à entendre les besoins de l'enfant. L'éducation bienveillante n'est pas l'éducation bienveillante de l'enfant mais l'éducation bienveillante pour chacun.

Car finalement dans leurs réponses ils n'étaient ni bienveillant pour elle, ni bienveillant pour l'enfant. Car si elle ne prenait pas soin d'elle elle ne pouvait en aucun cas être bienveillant pour l'enfant.

Ici, nous avons typiquement le cas d’un groupe avec un couteau de boucher, qui se prennent pour des bouchers alors qu’ils ne savent pas se servir du couteau.

L'éducation (bienveillante ou non) doit-elle être efficace? 

C’est ce que j’observais d’ailleurs, le matin à l’école, quand les parents « bienveillants » se retrouvaient complètement dépassés par leurs enfants. Dieu sait que je ne considère pas que les enfants doivent « obéir », faire ce qu’on leur dit sans moufter ou « rester sages ». Mais en revanche, il est pour moi intolérable de laisser des enfants en bousculer d’autres, courir partout tous les jours en perturbant le calme de l’école et des enfants déjà rentrés. Ou de les laisser taper et insulter d’autres enfants. C’est tout simplement un manque de respect.

 Là, je dois dire que j'ai un peu de mal à suivre. Qui a dit que l'éducation bienveillante c'était ne pas mettre de limites?  On peut comprendre qu'un enfant ait du mal à se contenir, qu'il ai besoin de bouger et que parfois "les autres" sont une entrave à cette liberté. Mais être bienveillant ce n'est pas le laisser se faire déborder par ses émotions. On peut aussi le rattraper, lui dire "tu sais je comprends que tu sois content de retrouver tes copains. Mais là, tu déranges tout le monde, tu fais mal à tout le monde, et du coup tu ne respectes pas les règles.  Si tout le monde fait ça tu imagines? ça va être invivable!!! Donc tu dois faire attention et essayer d'aller plus doucement". Être bienveillant c'est aussi guider l'enfant dans le bien vivre en société. Mais c'est le faire en comprenant qu'il ne connait pas et ne comprend pas certaine règle. Donc l'idée n'est pas de le punir, de le gronder, mais bien de l'accompagner dans cette apprentissage.

L'éducation bienveillante n'est pas le "jemenfoutisme" de l'éducation. L'éducation bienveillante c'est une vraie reflexion sur la prise en compte de la maturation des zones émotionnelles du cerveau. Ce n'est pas une solution pour justifier et laisser faire les débordements de son cerveau. C'est juste une autre façon de cadrer, de donner des limites...

Il doit donc amener à plus de discussion, d'échanges.... Oui ça demande plus d'énergie, de discussion, mais pour la pratiquer avec ma fille depuis maintenant 10 ans, je remarque à quel point nous sommes dans le dialogue, l'ouverture.  Et demandez à mes amis, elle est souvent taxée d'adorable et et petite fille polie. 

Je n'ai jamais tapé ma fille, j'ai très rarement punie (oui je ne suis pas parfaite) et les punitions ne sont pas ce qui a permis de lui inculquer quelque chose. Parce que finalement, quand on dit "stop" à un enfant, quand on dit "chut" ou qu'on tape, ou qu'on punit, c'est pour qui?  Pour nous, pour que les choses s'arrêtent, pour obtenir ce que l'on veut. Mais ferait-on ceci avec un adulte? 

L'article reprend l'astuce de mettre la table: "tu veux commencer par les assiettes ou les verres" n'est en effet pas une solution. Lui expliquer que s'il ne met pas la table personne ne pourra manger, par contre.... Avec le 5 ans je lui montre... Je mets les plats sur la table "il 'y a pas d'assiette tu vois. Bon bah on ne peut pas manger". Et de lui-même il comprend qu'il y a une obligation si on veut pouvoir manger alors qu'on a faim.  L'obliger ne fait que reporter le problème. Le laisser faire ne lui apprend rien de sa responsabilité. Lui montrer les raisons de la demande et y donner du sens permet à l'enfant de donner de la valeur à son geste: il participe à la vie de la maison. 

Quid de la violence éducative?

 

Si ce terme de violence éducative ordinaire a permis de répandre l’idée (et c’est une très bonne chose) qu’il n’y avait pas besoin de coups pour être maltraitant, que les paroles avaient parfois autant de poids que les gestes et que nous pouvions davantage respecter nos enfants, certains poussent le raisonnement à l’extrême.

  • Si je me lance dans une bataille de chatouilles avec mes enfants, est-ce de la violence ?
  • Si ma fille embête quelqu’un et que je la prends dans mes bras pour l’éloigner « de force », est-ce de la violence ?
  • Si mon fils insulte son frère et que je lui dis « C’est inacceptable », est-ce de la violence ?
Vous pensez peut-être que j’exagère, mais j’ai entendu des familles m’affirmer pour chacun de ces cas qu’il s’agissait de violence. Il y a même un article de Catherine Guéguen qui place la phrase « Ce n’est pas bien » sur le même plan que les gifles.

Alors là, il y a beaucoup de choses à dire. J'ai déjà largement parlé du cerveau, de sa maturation etc...
Pour bien saisir, ce que j'avance, je vais vous transposer ceci entre deux adultes. Si un adulte même proche, pendant que vous lisez, mangé ou même vous vous ennuyez se met à vous chatouiller sans prevenir et ne s’arrête pas même quand vous lui demandez, comment allez vous le prendre? Vous allez vous sentir envahit et pas respecté. Imaginez qu'en plus vos disposiez d'un cerveau pas tout à fait capable de faire la différence entre ce qui est désagréable et ce qu'il est en droit de refuser et de ne pas aimer... Vous voyez où est la violence? Vous utilisez un cerveau immature pour faire ce que vous voulez imposer (par envie de partager, pas forcément par malveillance) à un enfant.

Si votre fille embête quelqu'un pourquoi l'éloigner de force? Pourquoi ne pas discuter avec elle et faire comprendre à l'enfant en face que vous avez saisi son mal-être, et lui demander de s'éloigner? Pourquoi n'y a t-il pas chez vous de juste milieu entre le "laissez faire" et "la force"?

Dire "c'est pas bien" c'est violent car ça n'indique rien. On repose juste sur une injonction à l'enfant que son acte (donc lui... Cerveau immature toujours), est mauvais, au lieu de lui dire "Tu as insulter ton frère car tu étais en colère. j'entends. Mais là, tu l'as aussi bléssé avec tes mots. A force de ne pas vous écouter vous vous faites mal mutuellement, on pourrait peut être trouver une solution ensemble non?".

Le reste de l'article est consacré à la discipline positive. DOnc je ne reviendrais pas dessus car elle est finalement assez proche de ce que je viens de décrire. L'auteure de ce texte défini finalement l'éducation bienveillante comme l'entende ceux qui l'applique mal (couteau de boucher... Tout ça, tout ça...), et je trouve dommage de s’arrêter à cela.

Et surtout je pense que chacun fait comme il peut avec ce qu'il est ou ce qu'il a. Le tout est de ne pas se juger soi-même,  et de ne pas juger les autres. Et d'être bienveillant dans tout ce que comporte ce mot au delà de l'aspect galvaudé.

Soyons à l'écoute, ne jugeons pas, accompagnons, aidons. Que ce soit pour les enfants ou les adultes... N'oublions personne.

A demain. Prenez soin de vous.


Encourageons et accompagnons.... Soyons bienveillants


 



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