Lettre ouverte à monsieur Bruno Lemaire.

Monsieur Le Ministre,

Je vous écris ici en ma petite qualité d'assistante maternelle. J'ai patiemment attendu hier soir que vous nous adressiez la parole, lors de l'émission de France 2 "Vous avez la parole". J'étais agréablement surprise par ailleurs que sur les 2h14 d'émission moins de deux minutes nous soient consacrées. Jusqu'à maintenant, aucune chaine nationale n'avaient véritablement parlé de nous. Soudainement un simple message skype d'une de nos collègue, très claire, vous a été adressé. Je retransmet ici ses termes exacts.

"Bonjour, je m'appelle Madeline Sylvan, je suis assistante maternelle à Meaux et je suis en colère.
Depuis le début de cette crise, le gouvernement nous dédaigne et se moque de nous. Les parents refusent de nous payer, nous licencient, nous mettent au chômage partiel, chômage dont nous n'avons pas droit officiellement puisque aucun décret n'est encore passé. Les rares informations que nous avons sont soit erronées, soit contradictoires, soit floues. On nous interdit d'accueillir les enfants dont les parents sont en télétravail, et trois jours après on nous apprend que nous sommes en abandon de poste. Alors que tout ferme, on augmente nos capacités d'accueil qui passe à six enfants.
On nous répète en boucle qu'il faut respecter les gestes barrières. D'accord, pas de problème. Alors, Monsieur le ministre, je vous invite à venir passer une journée chez moi et à me montrer comment changer une couche ou donner un biberon à un bébé en respectant une distance de 1 mètre"

Je vais publier votre réponse ci-dessous et engager avec vous un dialogue qui n'aura jamais lieu, mais je voudrais ,si vous, vous ne le lisez pas cette lettre, que les parents employeurs, les citoyens comprennent bien à quel point votre réponse est sinon inadaptée, voire complétement à coté de la plaque. Bref, Monsieur Lemaire avec tout le respect que je vous dois en ma qualité assistante maternelle, et en la votre de ministre du travail, je vous invite à en apprendre un tout petit peu plus sur notre statut et ainsi nous permettre de sortir de la précarité et du danger  sanitaire dans lesquels nous nous trouvons.
Voici donc ce que vous nous avez répondu.

"D'abord je la remercie pour ce qu'elle fait, car s'il n'y avait pas des dizaine de milliers de personnes qui travaillent, qui nous aident, qui gardent les enfants, qui jouent ce rôle d'assistantes maternelles (Vous remarquerez la féminisation du titre qu'ici on trouve parfaitement normale. Mes collègues masculins tel que dadoux assmat apprécieront nldr) , je ne vois pas très bien comment on ferait. Donc je voudrais déjà la remercier. La remercier de son dévouement, la remercier de son temps."

Dans un premier temps Monsieur le Ministre du travail je voudrais vous remercier de votre reconnaissance et de vos remerciement. 

Mais juste, je voudrais vous préciser que ceci n'est pas, pour la plupart d'entre nous du dévouement. Ceci est notre travail, qui nous apporte donc une rémunération. Et si vous avez bien écouté ma collègue Madeline, si nous ne travaillons pas, si nous refusons d'accueillir les enfants, nous n'avons pas de revenu. 

Ceci est considéré comme un abandon de poste et nous risquons de perdre notre travail. Nous sommes donc dans l'OBLIGATION d'accueillir TOUS les enfants, qu'ils soient enfants de soignant ou enfants de personnes en chômage partiel. Donc non, je ne donne ni de mon temps, ni de mon dévouement. Je ne suis pas bénévole, je ne suis pas dans la réserve républicaine. Je suis assistante maternelle à domicile. Je fais mon travail puisque je n'ai pas de droit de retrait.

"Ensuite il y a des solutions pour chaque personne"

Ah super. Donc j'attends les solutions pour les problèmes cités par Madeline. Je vais récapituler ses demandes Monsieur Lemaire avant d'écouter votre réponse, si ça ne vous dérange pas:

  • Quelle mesure peut-être mis en place pour qu'il n'y ait plus de licenciement en chaine et de demande de chômage partiel de la part de nos parents employeurs?  Quelle mesure pouvez vous nous proposez pour éviter tout précarisation de notre emploi en ces temps difficiles pour notre métier?
  • Vous nous promettez chaque semaine un décret qui devrait proposer aux parents des remboursements casi- total de nos salaires versés et qui nous assure une paye d'au moins 80%. A ce jour ce décret ne semble pas promulgué, et s'il l'est nous n'avons aucune nouvelles de nos PMI qui semblent attendre vos consignes.
  •  Qu'en est-il de l'information sur nos droits et devoirs en tant qu'assistantes maternelles?
  • Puis que vous augmentez nos capacités d'accueil que proposez vous pour nous garantir une sécurité sanitaire à nous et aux personnes qui sont en confinement avec nous? (maris, femmes, enfants mais également les enfants entre eux?) 
Voilà Monsieur Lemaire les réponses que nous attendons de votre part.

"Si vous êtes payé par un chèque emploi service par exemple, vous avez droit au chômage partiel, on vient de l'ouvrir. Donc je veux le préciser: tout ceux qui sont rémunéré en contrat sous forme de chèque emploi service ont droit au chômage partiel, on l'a étendu."

Donc il est bien là le problème. En fait Monsieur e Ministre; vous ne savez pas que nous sommes des salariés en CDI, et que par conséquent nous ne sommes pas, dans la majorité du temps, payé en CESU. Certaines d'entre nous le sont car elles acceuillent des enfants de plus de 6 ans et que, par conséquent, ils ne sont plus remboursés par la CAF. 

Moi, la moyenne d'age chez moi est de 2,5 ans. Dons non je ne suis pas payée en CESU. Et 90% d'entre nous ne le sont pas. Donc merci de parler pour les 10% restant mais du coup, nous les 90% nous n'avons toujours pas droit au chômage partiel (et là pour le coup c'est Madeline qui a raison) puisque ce droit doit apparaitre dans un amendement qui devait apparaitre mardi dernier, puis hier, puis aujourd'hui mais dont, à l'heure actuel nous n'avons pas de nouvelles. Sachant que nous devons être payés dans quelques jours, nous ne savons donc toujours pas ce que les parents nous doivent et que leur répondre dans le cas où ils refusent de nous payer.
Et il va de soi qu'une assistante maternelle (Donc que les filles hein... Les assistants maternels visiblement vos n'avez droit à rien vous nldr), qui travaille doit être rémunéré. Donc vos serez rémunéré. Pas d'inquiétude à avoir de ce coté là.

Ah. Je suis rassurée. Mais par qui? Comment? Que dois-je dire à mes employeurs? 

C'est vrai que les dispositifs sont longs à mettre en place car on fait face à l'urgence, il a fallu modifier un certains nombres de dispositif qui n'étaient pas encore prêt, que ça prend du temps, que c'est toujours trop long pour ceux qui attendent leurs rémunérations, qui attendent leurs payes mais ça sera mis en place, et toute personne qui travaille, toutes sans exception aura une rémunération pour le travail qu'elle effectue.

Alors deux choses dans ce que vous venez de dire:

 J'entends que changer et réinventer les règles dans une telle situation demande du temps, et c'est ici, un point que je veux bien vous accorder. Cependant, chez moi, lorsque les règles changent et  que nous sommes dans un entre deux un peu bordélique (vous m'accorderez bien Monsieur le Ministre cet écart de langage), je préviens les enfants "Le temps du changement de règles nous allons faire ça comme cela, et nous allons réfléchir ensemble  aux solutions qui pourrait convenir à chacun"

 Ici devant votre silence et nos questionnements, la PMI a décidé de prendre des initiatives et de répondre à nos questions en nous précisant que c'était une réponse provisoire en attendant les réponses officielles. Elles se sont donc fait taper sur les doigts pour avoir tenter de nous rassurer. Depuis, nous n'avons plus de nouvelles puisque vous ne leur donnez aucune info. Est-il si difficile, si inconvenant de nous faire parvenir une lettre, un message de ce type?

 "Madame, Monsieur, 

nous avons bien conscience des difficultés qui sont les votres aujourd'hui tant a niveau de l'accueil des enfant que de la relation avec vos employeurs. Il est certes difficile aujourd'hui de ne pas avoir peur lorsque vous accueillez des enfants, en particulier de soignants, et  qu'en plus, vous êtes incertains quant à la rémunération de votre travail qui est aujourd'hui représente un risque certain. 
Nous sommes en train de tout mettre en place au niveau d ministère pour trouver des solutions à ces difficultés, et nous vous remercions de votre patience. Nous faisons confiance aux PMI à qui nous feront passer les amendement en temps et en heure, et demandons aux parents de respecter vos droits et leurs devoirs et pour ce mois-ci de bien vouloir payer votre mois, comme s'il était un mois travaillé. Nous régulariserons les sommes, s'il y a lieu dans les prochains mois. 

Encore une fois merci de votre travail et de votre patience. Veuillez madame, monsieur..."

Ca m'a prit 4min. 

Je dis ça je dis rien.

La deuxième partie m'inquiète beaucoup plus voyez vous. Parce que vous avez signifiez par deux fois "pour toutes personnes qui travaillent". Hors vous avez stipulez que nous avions droit (oui bon certes les gens qui sont payé en CESU) que nous avions droit à une rémunération et à un chômage partiel. Mmmmmmhhhhh....

Mais alors moi par exemple, que dire aux parents parents ne m'ont pas confié les enfants? Moi qui travaillent 3 fois par semaine de 7h à 19h30 pour accueillir un enfant de soignant mais dont les autres parents, refusent de me confier leur enfant par peur de la contamination, donc je ne suis pas payée? Pas protégée? 

Donc j'accepte de prendre des risques, de faire prendre des risques à ma famille, mais si les  autres parents refusent de me payer pour ce mois, car je n'ai pas travaillé, je ne toucherais que les 428e de la famille du #18mois? 

Je précise que j'ai à faire à des parents intelligents, humains et qui ont compris que je ne pouvais pas vivre avec 428e par mois pour 30h de travail par semaine (non je tiens quand même à vous préciser mon salaire au cas où vous ne connaitriez pas le salaire d'une assistante maternelle).

Mais alors Monsieur le Ministre? Nous répondons quoi aux parents qui refusent de nous payer ce mois puis qu'implicitement vous venez de leur donner raison? On laisse couler? 

Et nous répondons quoi aux parents qui demandent à baisser les taux horaires? Nous n'avons aucune protection au  niveau de notre travail. Et une fois de plus, par cette toute petite phrase nous tombons un peu plus bas dans la précarité.


  • Enfin, quid des protections sanitaires? Des masques? Des gants? Du minimum de protection ne serait-ce que pour nos famille? Vous ne répondez toujours pas à ces questions....
 Monsieur le Ministre, je ne dirais pas que vous vous fichez de nous, je pense surtout que vous êtes dépassé. Je pense sincèrement que vous ne connaissez pas notre travail, et que vous êtes dépourvu de réponses et de solutions satisfaisantes. Mais encore une fois, rien ne vous empêche de nous le dire, et surtout de nous consulter pour comprendre quelles difficultés nous rencontrons. 

Les assistants maternels sont souvent des gens humanistes et capables d'agir pour leur prochain. Il suffit donc simplement de les traiter comme des gens intelligents, sensibles et en recherche de respect. Des gens qui sont capables de comprendre vos propres difficultés, de patienter dès lors qu'on leur assure une protection économique, sanitaire, et sociale. 

Voilà Monsieur Le Ministre, je me doute bien que ma lettre n'arrivera pas jusqu'à vous et que vous n'entendrez ni nos inquiétudes,  ni nos interrogations, ni notre sentiment grandissant d'être considéré comme la part négligeable de cette France sous confinement...

Je vous pris tout de même d'agreer mon profond respect Monsieur Le Ministre, car il me semble que c'est tout ce qu'il nous reste aujourd'hui pour espérer une amélioration de nos conditions non pas de travail mais de vie.












 
 

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