Christelle Dubos... Ecoutez ma peau.

Fin de semaine dernière,  un mardi de soleil sur ma campagne.

C'est mardi, le marché est là sur la place de l'église. On s'est promené, dans la journée, nous avons découvert le camion de vrac sur la place du village. Nous avons acheté des petits gâteaux salés. Au conté, qui fondait sous la langue. Les enfants n'avait pas eu envie de faire la sieste et j'avais dû naviguer du salon à la chambre pour que chacun accepte de s'assoupir 30 min de façon tout à fait, désynchroniser. Le cauchemar de l'assmat badass: la désynchronisation de la sieste.

Le soir, fatiguée, j'ai choisi de prendre un bain. Exceptionnellement. Je suis très fatiguée ces temps-ci.

J'ai soulevé mon tee-shirt et mon sein s'est soulevé. A la place de l'élastique du soutien-gorge prenait place une plaque rouge que je ne connais que trop bien.

Un zona.

Je le sais. De la fatigue, du stress et un virus de la varicelle. Et la brulure se  loge dans les plis de mon sein pour mieux me surprendre.

Le confinement, la peur, le travail, l'école à la maison, la peur de sortir, de faire ses courses, le stress du retour à la normal, la MAM qui prend du retard.... Et moi, moi qui tient bon.

Non je n'essaie pas de faire d'effet. De tirer les larmes. J'écris ce que je suis à l'instant T. Fatiguée. Epuisée. Je m'expose là, nue et fatiguée.

J'avais passé une bonne journée. Tout revenait à la normal. Et mon corps m'a signifié que je ne pouvais pas tenir comme ça. Mais encore une fois l'état ne me permet pas de m'arreter. L'état ne me reconnait pas comme réelle travailleuse, nous en avons déjà parlé. Même si je travaille en période de COVID, je perds de l'argent, alors m'arrêter en dehors...

Le soleil se couchait en ce milieu de soirée, j'ai pris mon bain qui a brulé ma plaie. Je m'en suis prise à ma famille qui a aussi tendance à s'appuyer sur moi. Je donne de l'importance à mon travail. Je reste persuadée que je joue un vrai rôle dans la société. C'est important d'être la jardinière des petites pouces de la société de demain. Je le sais. J'en suis sure. Donner des bases et des valeurs, ça change une société ça.

Je pense à Delphine. Une assmat badass. Rare, bonne, généreuse. Elle râle mais jamais sur sa situation. Elle aime les enfants comme du bon pain. Elle dit "je les élève". Et j'aime bien quand elle dit ça.  Élever un un enfant au rang d'Homme. C'est un sacré boulot non?

Il y a Cécile aussi. Cécile qui bougonne, mais qui appelle les enfants avec tout l'amour et l'affection qu'il y a dans les moindres recoins de sa peau: "Non chérie, tu vois... c'est pas possible", Cécile qui fait des activités en pensant déjà à l'école. Elle les aime ses petits, elle les caline, les soigne et les dorlote comme s'ils sortaient de leur oeuf...

Et puis il y a Julie qui s'est arrétée de travailler. Parce qu'elle a peur d'être malade. Parce qu'elle a trop aimé ses petites, et que les parents n'ont pas vu qu'elle avait aidé les petites Roses à pousser, qu'elle avait été l'engrais de leurs enfants... Ils ont juste vu le prix de l'engrais...

Et puis Il y a Christelle Dubos. Elle s'active pour les pauvres, les familles, les femmes.... Elles s'indigne devant les médias qui parlent mal d'elle. Et chaque jour je l'interpelle. Chaque jour je lui rappelle que nous lui avons envoyé 160 lettres. 160 assmat comme Delphine, Julie, Cécile ou moi.

Chaque jour je lui rappelle ces lettres. Mais personne pour nous répondre. Personne pour se battre à nos cotés. Pour nos entendre.

Alors dans ce silence assourdissant, j'y laisse ma peau, au zona, à la fatigue. Parfois j'ai envie de pleurer devant ce manque de considération. C'est ma peau qui cri. Ma peau qui essaie d'alerter le monde que nous sommes épuisée, nous les assmats.

Entendez nous Madame Dubos, le monde des assmats, est en train d'y laisser leurs peaux. On est là. Mais pour combien de temps? Combien de temps avant que Delphine ne se fatigue à élever les enfants à bout de bras? Combien de temps avant que le corps de Cécile tienne bon pour lover les petits au coin de son coeur? Combien de temps avant que Julie ne se décide à abandonner complétement, découragée par le manque de considération de ses employeurs.

Combien de temps avant que ma peau ne se déchire sous le plis de la fatigue et de la rancœur envers un gouvernement, une institution qui au mieux nous oublie, au pire nous méprise?

Combien de temps de votre silence madame la secrétaire d'Etat?    

A demain. Ou pas.

PS: si vous désirez ajouter votre photo car vous adhérer à ce post n'hésitez pas à me l'envoyer.















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