Du consentement des tous petits

Il y a quelques années, alors que j’éffectuais mes stages en crèche, je fus choquée et par une scène. Un petit garçon voulait faire un bisou à une petite fille, ils avaient tous les deux environ deux ans. La petite fille, occupée à jouer à la poupée, refusait le bisou du petit garçon. Mais, celui-ci ne comprenant pas pourquoi elle refusait, insistait lourdement, tendant sa bouche vers sa joue. Fatiguée de devoir le repousser, elle lui balança la poupée dans la tronche.
L’auxiliaire de puériculture qui était là, qui avait vu toute la scène, se décidait à se lever, attrapa  la petite fille par le poignet, et lui dit « tu n’es vraiment pas très gentille, il voulait juste te faire un bisou, et toi tu le frappe. C’est interdit de taper ! », et la petite fille de se faire punir une minute sur sa chaise.


Je me souviens, avoir été profondément choquée par cette scène. Que s’est est-il passé en réalité? Si l’on retire le fait de l’âge de l’enfant, nous avons donc un être de type masculin, qui essaie  d’imposer un baiser à un être de type féminin, qui ne pouvant pas refuser ses avances fini par lui mettre une claque pour se défendre, mais qui est punie pour avoir frappé un autre.

Qu’a appris cette petite fille aujourd’hui ?  À deux ans elle a appris, qu’un bisou imposé c’est gentil et que tu te dois de l’accepter et de l’accueillir même si tu n’en as pas envie. Et voilà comment cette petite fille a appris que le désir de l’autre prévaut  sur son propre désir.

Ce matin, j’ai répondu à un sondage lancé par deux jeunes femmes, qui ont peut-être 20 ans, qui questionnaient sur tous les sévices sexuels dont nous avions pu être victimes, qui allaient du sifflement dans la rue, au viol. J’expliquais alors que le problème venait du fait que nous n’éduquions pas nos enfants dès la petite enfance. 

Si aujourd’hui le débat existe sur « doit-on apprendre ça à l’école ou cela relève-t-il de l’éducation donnée par les parents », jamais au grand jamais la question de l’ éducation sexuelle chez les tout petits , ni même l’idée du consentement, ou du respect d’autrui n’est abordé. On pourrait chercher dans les manuels de formation, à aucun moment n’est abordé la question du consentement chez les tout petits.

Pourtant, combien d’entre nous oblige dès le matin à faire un bisou pour se dire bonjour, à faire des câlins quand on lit l’histoire avant la sieste, ou encore les Guillies au moment du change. Vous êtes-vous déjà posé la question de savoir si l’enfant est d’accord avec ce rapprochement physique d’un adulte alors qu’il n’y a pas apposé son consentement de façon claire. 

Je demande toujours, à un enfant s’il veut me faire un câlin ou s’il veut me faire un bisou, si je peux lui faire un câlin, si je peux lui faire un bisou. Je fais très rarement les Guillies que je trouve très intrusifs au corps de l’enfant, j’utilise Des thermomètres frontaux qui évitent un rapprochement trop franc avec eux.


Et puis il y a quelques temps, le #23Mois , a commencé à vouloir faire des câlins à la #17mois. Et j’ai commencé à lui apprendre à lui demander. Je lui ai expliqué qu’elle n’était pas obligé d’accepter son bisou, ou son câlin. Depuis, le #23Mois lui tend les bras, pour lui demander s’il peut lui faire un câlin. Si elle l’ accepte elle se met dans ses bras.


Même avec la #5mois on est attentif à ce qu'elle soit d'accord



Je crois sincèrement que plus tôt  on apprend aux enfants cette notion de consentement, plus tôt  il devient un automatisme. Je pense que le #23Mois saura très vite accepter le « non » de ses copines, alors que le petit garçon de la crèche aura plus de mal à comprendre qu’on lui refuse un baiser.

Je crois, chers parents, chers professionnels de la petite enfance, qu’il est de notre rôle aujourd’hui, de changer la société de demain. Et que l’égalité homme femme, nous incombe à travers ces petits gestes du quotidien. Il est question qu’ils comprennent très vite que leur corps leur appartient, et que tout le monde ne peut pas le toucher, mais que le corps de l’autre, ne leur appartient pas non plus, et n’est pas soumis à leurs propres désirs.

Je continuerai à penser, que nous petites mains de la petite enfance, Nous changeons le monde par petites phrases et par petits actes.

J’espère, que beaucoup d’entre vous n’hésiteront pas à me témoigner leurs petites actions au quotidien pour lutter contre ces violences ordinaires, ou à changer leur manière de faire.

À demain. Ou pas.


Commentaires

  1. Je suis completement d'accord avec cela, je n'oblige jamais un enfant à m'embrasser pour me dire bonjour. Et je mui demande toujours l'autorisation si j'ai besoin d'un calin.

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    1. Je crois que c'est vraiment un message important à faire passer... Mais tu vois les articles sur ce sujet sont ceux qui fonctionnent le moins bien. Je crois que les gens pensent qu'il est impossible de lié baiser et calin à violence.... Pourtant on avancerait tellement!!!

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