Etre solidaire

Chères collègues

Je suis encore assez neuve dans le métier. Presque 3 ans d'expérience, on peut pas dire que ce soit être expérimentée. Mais, est-ce que c'est parce que c'est un milieu de femmes, ou est-ce l'aspect de promiscuité et de concurrence qui existe, j'ai eu le temps de repérer ce manque de solidarité entre nous.

Je m'y attendais. Mais récemment ça m'a touché, de plein fouet. Ca m'a éclaté à la figure plus vite qu'un ballon gonflé dans les mains de la un an. 

Je suis blessée de ces jugements, de ces duretés, de ce manque de sororités. Il y a quelques jours, en dessous de mon dernier podcast, une de mes collègues m'a très justement dit "En formation, ils veulent nous faire entrer dans un moule... Mais si les enfants sont tous différents, il faut à un moment donné entendre que nous aussi, nous sommes différentes...  et il faut accepter qu'on soit tous très différents".

Il n'y a pas que, je crois, les formateurs et les formations qui doivent comprendre cela. Il y a nous. Et je le dis également pour moi. Il n'y a pas si longtemps, je me suis surprise à me dire "tu vois, tu l'as juger, alors qu'en fait c'est une super assmat...". Bah oui, on n'est pas irréprochable non plus hein...

 Finalement, de cette collègue que j'ai jugé rapidement, j'ai découvert une assmat à l'intelligence de cœur plus développée que la mienne, une femme plus maternante et plus à l'écoute que ce que je croyais... J'ai appris d'elle, j'ai compris de choses, parce que j'ai accepté de la rencontrer.

On devrait se foutre la paix. Je ne ferai pas à la façon de untel UI ne laisse pas la petite J. se promener tranquillement. Et? Elle l'a déjà vu courir au milieu de la route, une voiture au milieu en face.... Elle a eu peur et a du mal à se libérer de cette façon de faire ça la rassure. 

 Pendant la formation, on m'a dit ne pas comprendre pourquoi je faisais la DME... Et? Je ne force personne à le faire. Si c'est à moi que ça convient... Que j'y met du sens et du confort? Qui cela concerne?

Et si j'écoutais ma collègue qui écoute plus ses émotions que je ne le fais et assure sans doute plus de sécurité que moi? Et si tu acceptais de m'écouter et juste de te dire "pourquoi pas?"

De quoi a t-on peur à se juger, à se jauger, à se moquer, à s'insupporter. Bien sur il n'est pas question de supporter les fessées, les enfants laissés seuls à la maison, les maltraitances. Mais s'entraider, s'accepter, se conseiller avec bienveillance et se serrer les coudes? Pourquoi n'accepte t-on pas simplement de bouger nos lignes, de progresser, de s'accepter ou juste de s'écouter?

Pourquoi est-ce si difficile? Nous sommes un corps de métier qui plus que n'importe quel autre, à besoin de sororité. Nous n'avons pas de patrons, pas d'écoute, nous le savons toutes, la solitude est le lot lourd et difficile de notre emploi, alors pourquoi en rajouter???

 

Solidarité


Bien sur il n'est pas question de "s'aimer". J'ai longtemps travailler en équipe. Il y a les collègues qu'on adore, et puis il y a les collègues avec qui on échange pas beaucoup plus qu'un "bonjour" et un "au revoir". Mais, ça ne veut pas dire qu'on a besoin de se dénoncer, de se moquer et de mettre à part. On n'a pas besoin d'aller se promener tous les jours avec Micheline qui ne parle que pâte à sel et repas si j'ai envie de rire et de partager avec les enfants pendant une promenade. Mais je me dois d'accepter, qu'elle soit différentes de moi. Sans jugement.

Je crois que le COVID, les injonctions contradictoires, les ordres et les lois qui sont tombées, plus ou moins applicables et conciliables avec notre façon de faire, nous a encore plus séparé. Entre celles qui appliquaient scrupuleusement les demandes de la PMI qui tombaient tous les trois jours, de façon complètement mélangés et opposés ("portez des gants", "ne portez plus de gants", "ne faites plus entrer les sacs à langer", "ne faites plus entrer les parents", "sortez mais masquées et seules", "ne sortez pas",...), et celles qui pensaient que pour LEURS enfants, le mieux étaient de faire autrement et de s'adapter... ça a créé une scission. 

A l'aube d'un nouveau confinement, j'ai envie de vous dire, laissez faire la voisine. Ce qu'elle juge bon pour les enfants qu'elle connait, avec leurs histoires, leurs problématiques et sa propre vision des choses. Et ne laissez vous personne juger de votre façon de faire. Discuter, remettez en question vos certitudes et partez à la rencontre de l'autre, la différente, celle qui peut vous apporter du progrès.

Nous abordons un moment dur dans notre civilisation, un moment compliqué, de changement, de mutation, où il va sans doute falloir affronter bien plus difficile que l'on ne le pense. La seule chose qui nous sauvera ce sera la solidarité, l'entre-aide et l'écoute. Alors commençons par là, entre nous. Soyons bienveillantes, aidantes et montrons l'exemple. N'oublions pas que nous le sommes pour des enfants qui serons la société de demain. 

Je ne suis pas loin de penser que les assistantes maternelles peuvent changer le monde.

A la semaine prochaine. Ou pas.

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