Répondre aux question de la matrescence

Je vous ai déjà parlé de ce podcast que j'adore et que j'utilise régulièrement dans mon travail qui s'appelle la matrescence. Si vous ne le connaissez pas, je vous invite fortement et de façon impérative à écouter Clémentine Sarlat car, au delà d'être dans l'air du temps, et même si sur certains sujet sje ne suis pas toujours en accord parfait, il m'a fait évoluer sur pleins de choses et réfléchir sur pleins de certitudes que j'avais, et c'est une vraie formation en soi que d'écouter ses entretiens que ce soit avec Catherine Geguen (peut-on sanctifier cette femme?) ou Héloïse Junier (qui a le plus magnifique des beaux prénoms du monde en plus d'être une excellente psychologue pour enfants).

Bref. Ça tombe bien que je vous cause d'Eloise Junier car c'était l'invitée du dernier podcast (hors série) de Clémentine Sarlat. Et devinez de quoi est-ce qu'on cause? De la séparation quand on rentre à la crèche, chez l'assmat ou à l'école... Autant te dire que ça me parle un tout petit peu. 

Alors je t'ai l'ai dis j'aime beaucoup les propos d'Eloise Junier, mais bon. Je me suis dit que ce qui serait intéressant c'est que moi, assistante maternelle de 3 ans, mais l'assmat badass quand même... Bah je vous réponde, moi, ce qu'il me semble essentiel dans vos questionnements. J'ai donc repris les questions et je vais essayer en partie d'y répondre!
 
 


 
  Est-ce qu'une mauvaise expérience chez une assistante maternelle pour une enfant de de 3 mois, peut avoir des conséquences à long terme? Elle l'a laissée pleurer puis ma fille a fini par s'endormir. J'ai stoppé le contrat au bout de 3 jours. 
 
Alors au niveau des conséquences, je pense qu'Eloise Junier vous a répondu de façon claire et précise. Ce que moi j'aurais aimé rajouter à cette question, c'est que, je crois profondément à la résilience. La résilience dans sa vrai définition hein! 
 
La résilience est la capacité de se relever des chocs et des traumatismes, et cette capacité est décupler si quelqu'un vous aide à vous relever...

Je suis toujours très en colère contre ces collègues dont le confort ou le fonctionnement, marche avant le confort de l'enfant. Oui je suis sévère. Elles sont heureusement rares mais elle font des ravages chez les enfants et chez tous les professionnels de la petite enfance qui s'adaptent aux enfants, les écoutent... Et ne les laissent pas pleurer!!!

Donc j'ai envie de vous dire de retrouver un ou des professionnels en qui vous pouvez avoir confiance. Demandez des adaptations à rallonge, observez, sentez, n'hésitez pas à raconter votre histoire pour qu'ils vous rassurent et LE rassure. Posez lui des questions avant de commencer sur ce qu'elle met en place pour l'endormissement.  Pour chacun de mes accueillis ici, j'ai trouvé leur "petit trucs": lui caresser l’intérieur du genoux, le bercer, lui passer le doudou sur le visage, ou lui faire écouter un bruit de sèche-cheveux. Chacun son truc. J'ai pris le temps pour chacun de trouver, j'ai interrogé les parents beaucoup... Et on a fini par trouver pour chacun. Ça fait partie de notre travail et je ne doute pas un seul instant que vous allez trouver le ou la professionnel(le) qui saura rassurer et accompagner votre enfant dans la confiance en l'adulte et le fait de s'endormir sereinement, en confiance (si vous avez besoin j'ai des contacts dans toutes la France métropolitaine).

Je suis en plein doute aussi. Je cherche une assistante maternelle à partir du 15 mars. C'est un bébé allaité: jamais un biberon et elle ne s'endort qu'au sein. Toutes celles que j'ai vu me demandent de l'habituer à faire la sieste seule, de la laisser pleurer. Est-ce vraiment ça la méthode? Est-ce que mon bébé saura faire la différence entre la nounou et la maison? Est-ce que mon bébé saura faire la différence entre dormir seule chez elle et dans les bras avec moi?

Alors je sais que dans ce genre de témoignage, c'est souvent les "cas" qui ressortent, mais dans la réalité je vous assure qu'il y a des assmats qui ne vous répondront pas cela.


Je ne suis pas toutes les assmats. Mais pour vous donner une image de ce qu’il est possible de faire je vais vous parler de moi. Et c’est une de mes collègues qui m’a conseillée car je ne savais pas comment faire, car mademoiselle #5mois était la première Bébé allaitée que j’allais accueillir.

La première des choses, c’est d’écouter les parents. Car je pense que pour bien comprendre les enfants, il faut savoir écouter les parents. 

Alors, avant de vous dire « non » ou vous dire de « changer ses habitudes », je demande comment vous désirez qu’on s’organise? Vous désirez continuer à l’allaiter, est ce que vous voulez venir lui donner le sein quand il en a besoin? Ou désirez vous le préparer du lait congelé? Dans la deuxième solution, il faudra peut être que dans la période d’adaptation, ensemble nous lui faisions essayer le biberon. Je vous conseillerai sur les tétines qui se rapproche du sein afin qu’il ne soit pas trop perturbé. 

Pour l’endormissement, j’observe toujours les enfants pendant la période d’adaptation: la position d’endormissement, la façon de changer une couche, les rituels avec les parents.... avec la #5mois qui s’endort au sein, j’ai demandé un vêtement avec lequel elle a dormi, et au moment du couché je lui pose le vêtement sur le nez. D’abord contre moi, puis dans un landeau où je l’ai bercée puis depuis quelques jours dans son lit, une main sur le ventre, parfois un bruit blanc et elle s’endort calmement.

Tout est affaire de discussion, d’écoute de l’enfant et de tâtonnements. Vous trouverez vous aussi l’assistante maternelle qui saura vous écouter à s’adapter à votre bébé.  


Bonjour, je fais l’intégration de la fille à la crèche cette semaine et je n’arrête pas de pleurer. Le fait de ne pas être à ses côtés et de ne pas veiller sur elle c’est trop dur... comment arrêter de culpabiliser et de ne pas avoir le sentiment de l’abandonner?

Ça tombe bien mon dernier billet était sur le premier jour... déjà je vous conseille d’aller le lire. Ensuite, il est important de bien insister sur votre période d’adaptation. Je dis votre, car la période d’adaptation est autant la période d’adaptation pour les parents, que pour l’enfant. Que pour le lieu d’accueil. Regardez comment votre enfant évolue, et les réponses apportées par les professionnels. Parlez de vos inquiétudes aux professionnels qui l’accueillent et demandez leur d’avoir une transmission un peu détaillées les premières semaines. Le fait de savoir ce qu’il a fait et comment ça s’est passé vous rassurera. Ensuite je dis toujours aux parents pendant la période d’adaptation de faire quelque chose pour eux pendant ce temps: un coiffeur, un massage, un ciné... le fait de retrouver du temps pour vous, vous permets de trouver quelque chose de positif à cette séparation. 

Enfin j’ai envie de vous dire, et même si vous ne le ressentez pas ainsi... vous ne l’abandonnez pas , vous le confiez à quelqu’un. Vous lui offrez la possibilité de se lier avec d’autres pour qu’il s’ouvre au monde: vous l’avez mis au monde, et vous lui permettez de s’élever pour s’ouvrir et connaître le monde qui l’entoure. Et ça c’est votre rôle de parent que vous jouez à merveille. Car même si c’est très très dur pour vous, vous êtes capable de le confier parce que son épanouissement est plus important que vos craintes. Et en cela vous êtes extraordinaire. 

Bonjour! Auriez vous des astuces pour contre-balancer les apprentissages à l’école qui ne sont pas vraiment en accord avec nos valeurs à la maison?

Alors, ça va être la seule question où je ne suis pas totalement en accord avec Héloïse Junier. Oui comme quoi tout arrive. J’ai travaillé deux ans comme professeur des écoles, ma mère est retraitée de l’éducation nationale et mon frère et prof. Comme dirait l’autre, je suis tombée dedans quand j’étais petite. L’école, c’est pour moi, le premier lieu où on va découvrir l’autre dans tout ce qu’il a de différents: ses idées, sa façon de faire, ses pédagogies. TANT QUE ÇA NE RELÈVE PAS DE LA MALVEILLANCE ET DE LA VIOLENCE QUELLE QU’ELLE SOIT, j’en profite pour expliquer à ma fille que tout le monde ne pense pas comme nous et que tout le monde n’a pas la même façon de faire que nous. Et qu’il faut apprendre à vivre, à faire avec ceux qui ne sont pas et ne pensent pas comme nous. Parce que c’est en croisant des idées, des courants de pensées différentes des nôtres qu’elle va construire sa propre pensée, sa propre personnalité qui parfois s’éloignera de nous et parfois la renforcera dans ce qu’on lui a transmis. C’est une chance inestimable pour lui enseigner l’ouverture d’esprit et la démocratie. 
 
Je sais que vous êtes contre les structures de crèche, car un tout petit n'est pas fait pour être socialisé, à partir de quel âge peut-on les laisser plus sereinement (un, deux ans, jamais...). J'ai conscience qu'il faut une figure d'attachement unique, mais y a t-il un moment où la crèche n'est plus la catastrophe?
 
J'ai bien conscience que la crèche a pleins de bon coté, y compris et surtout "monétaire". C'est un choix pour certain qui est incontournable et je ne crache pas sur les crèches. J'y ai fait des stages, et j'ai vu le travail hyper intéressant et professionnel que l'on peut y faire, en particulier quand on y trouve des référents uniques, qu'on applique la pédagogie Pickler et c'est super. 
 
Ce que j'aime dans mon métier, c'est qu'avec un, deux, trois voir quatre enfants, on a du temps pour chacun et tout ce que j'ai énuméré au dessus (période d'adaptation, adaptabilité à la spécificité de l'enfant, passage de la maison à un cadre familial rassurant...), et pour des tous petits jusqu'à 18 mois/2 ans, je trouve ça bien qu'ils aient un cadre doux, sécurisant et à taille humaine. Selon la maturité de l'enfant, vers 2 ans, je trouve ça bien qu'ils soient en lien avec le "groupe" de façon progressive. Ici par exemple, je vois beaucoup d'autres assmat, pour que les enfants rencontrent d'autres enfants de leurs âges et qu'ils s'y confrontent. Et surtout que ça fasse une "transition" avec l'école. On passe de "petit groupe" de trois enfants maximum, puis on va se promener, on fait des activités avec d'autres enfants (là on se retrouve à 9 ou 10 enfants). On apporte des jouets, des ballons, des voitures... On apprend à "faire ensemble", à "jouer l'un à coté de l'autre" puis à "jouer ensemble"... A trois ans, le groupe classe fait moins peur... On a déjà fait des activités ensemble, on est déjà aller vers des enfants que l'on ne connait pas. Ça va. J'aimerais qu'il soit possible de proposer la halte garderie aux enfants qui sont chez les assistantes maternelles, de manière à ce qu'ils se confrontent un eu à d'autres, que des activités leurs soient proposées... Bref qu'il y ai une vrai préparation au groupe classe.... Je trouve que nous, ce qu'il nous manque c'est justement cette transition.
 
Préservée, chez la nounou et chez ses grands parents, comment la préparer à l'école?
 
Aaaaaah... Si j'arrive à mettre mon projet de "transition assmat/école" je vous en reparlerai... 
  
Je sais que beaucoup d'école font des journée d'adaptation pour les petits, pour qu'ils appréhendent l'espace et le groupe. Après, je vous dirais que c'est comme le premier jour chez l'assistante maternelle... Achetez un paquet de mouchoir, un peu de chocolat... Et la seule chose à faire c'est accepter qu'elle va commencer à vivre sa vie et à ne plus vous raconter ses journées... (et croyez bien que si j'avais pu greffer des micros dans les cheveux de ma fille je l'aurais fait)

On doit mettre notre bébé à la crèche pour ses neuf mois, on a peur de le perturber à cause de la peur de l'abandon.
 
Je ne suis pas psychologue de formation donc je ne m'aventurerais pas à parler de cette fameuse phase des neuf mois. Cependant je peux parler de mon expérience. J'ai accueillie des enfants de 3 mois à 4 ans, c'est à dire à peu près tous les ages. La #2ans actuelle avait 8 mois à son arrivée, l'âge fatidique donc. 
 
A t-elle été plus difficile? Non. Elle ne pleurait pas plus au départ des ses parents, ni ne déprimait pas toute la journée. En tout cas ni plus, ni moins que les autres enfants que j'accueillais. Quand ils sont plus grands, il y a cependant d'autres difficultés: ils ont une meilleure notion du temps même si elle n'est pas tout à fait construite par exemple. Mais, et en particulier si il va en crèche, beaucoup d'outil sont utilisés pour pallier et adapté au mieux cet accueil.

Et encore une fois, j'insiste mais c'est pour moi la clef de beaucoup de questionnement: la période d'adaptation! Si vous avez prit le temps de discuter avec les professionnels, d'échanger, d'observer, de "passer le relais", l'enfant sera d'autant plus en confiance avec ces nouvelles rencontres qu'il ait 3,6, 9, 12 ou 24 mois!!

Quelle question poser à la maîtresse pour poser ses principes éducationnels?
 
 Oulala alors là, vous rentrer dans un système.... pour avoir mis un demi doigt de pied à l’éducation nationale, si vous posez ce type de question, vous allez prendre une étiquette « parents intrusifs » jusqu’à la fin de sa scolarité et on va vous répondre « l’ecucation nationale instruit, c’est vous qui éduquez votre enfant ». Bref. Évitez à tout prix c’est type de question. Par contre, contre vous pouvez demander ce qu’ils vont faire, comment la journée se passe, etc... dites vos inquiétudes et vous pouvez demander  s’il peut garder son doudou s’il a besoin d’être rassuré, qu’elle pedagogie elle utilise etc... mais l’éducation nationale est une institution vieille de 120 ans et qui n’a guère bougée depuis 50 ans... Les nouvelles pédagogies, les principes Éducationnelles sont encore trop peu abordées. Soyez stratèges et si vous désirez aborder ces questions, passez plutôt par l’aspect pédagogique et enseignement.... vous réussirez à avoir des infos sur la façon dont on accueille votre enfant.  

Comment préparer au mieux son enfant à la petite section quand il est très timide et qu'il a peur des inconnus?
 
Là je vais me permettre de conseiller les assistantes maternelles qui pourraient accompagner des enfants qui ont ce type d'enfant. Le mieux est quand même de fréquenter d'autres assistantes maternelles afin qu'il puisse rencontrer d'autres enfants quotidiennement et que ce soit toujours les mêmes... Ces enfants, d'un point de vue géographique, déjà auront des chances d'être dans sa classe l'année prochaine et du coup, rentrer en classe avec un enfant qu'il connait... C'est plus simple. 

Et puis revoir quotidiennement des enfants c'est recréer ce qu'il va vivre en septembre... Cela va faciliter son approche aux autres. Et même peut être l'encourager et le rassurer pour s'approcher des inconnues....

La dernière question concerne l'école et les parents et je ne me sens pas légitime pour y répondre.... Je vous invite donc à écouter l'épisode pour trouver une réponse aux pleurs de départ à l'école.
 
 
En attendant j'espère avoir répondu à pleins de questions!
 
A la semaine prochaine? Ou pas.

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