La fatigue
Vous la sentez vous la fatigue du confinement?
Tu te lèves. T'es pas sortie de la salle de bain, t'as à peine avalé ta tartine d’œufs brouillés/ricotta, que tu te branches sur l'ENT pour récupérer le travail à faire pour la journée. Tu imprimes, tu t'aperçois que le cours de technologie a été publié à A 16h30 hier, alors que les 6eme ont le droit de se connecté uniquement entre 8 et 10h et entre 14 et 16h. Tu jettes un oeil sur la techno, tu comprends rien. Tu imprimes, tu verras ca ce soir. Tu branches ton alarme pour connecter ta fille au cours d'anglais à 10H00 (tu as oublié celui d'hier... AH oui tu as un message de la prof tiens qui rappelle qu'il y a un autre cours aujourd'hui!), tu check les mails: un mail de la prof de dessin qui félicite ta fille pour son dessin poétique...
Bon. Ensuite aspirateur, vaporetto pour accuillir les enfants dans de bonnes conditions. QU'est-ce qu'on mange aujourd'hui? Ah merde l'ordinateur ne marche plus... Pas d'accès à ton menu... Salade et Pâtes à la bolognaise. Ok. Cool. Y a juste à décongeler la viande.
8h20. Les enfants arrivent dans 10 min. Je suis déjà fatiguée. J'ai mal a dos. Mon mec m'a dit hier de faire un test COViD. Je suis pas sure que ce soit le COVID qui me fatigue.
Le lendemain. On est mercredi. Je suis tellement fatiguée que j'ai laissé courir le réveil. J'ai mal au dos. Parce que je suis tendue. J'ai envie de pleurer. J'ai couru. Bain, devoir, menage, et pendant que j'écris je m'enfile ma tartine oeufs/ricotta. Ce matin je n'ai que les petites. Mais il est déjà 8h08 et je n'ai pas fini ma tartine. Dans 10 min la #16mois sera là... elle a fait ses premiers pas hier. Donc je sais que je rentre dans une période où je dois me baisser plus, consoler plus, accompagner plus. Mais l'energie est partie avec le COVID, les devoirs, le ménages, les sorties, les responsabilités, et les peurs...
Le plus dur c'est de ne plus avoir une minute pour soi. Se lever, nettoyer, préparer le travail, déjeuner sur le pouce, préparer le repas, accueillir, sortir, manger, coucher, ranger, préparer le gouter, lever la plus petite, donner un biberon, l'occupper en essayant de garder le silence pour les autres, lever tout le monde, gouter, faire l'accueil des parents, les comptes rendus, les sacs. A 19h00 quand tout le monde est partit, ranger, nettoyer, faire à manger, manger quand on en a l'energie et l'envie, se coucher, s'endormir devant la finale de Pékin express. Pleurer d'émotion et de fatigue devant la victoire de Claire et de son père. Ne pas réussir à s'endormir parce qu'on est trop fatiguée... Et recommencer 6h plus tard quand le reveil sonne.
J'adore mon travail. Mais depuis un an il ressemble à ça. Avec des vacances éparses parce que tu essaies de partir quand il n'y a pas de confinement. Je suis fatiguée. Je suis épuisée. Depuis un an je soutiens ma maison, les enfants, ma fille. Mais personne ne me soutient moi.
Je n'écris pas ça pour me plaindre ou pour même jeter ma fatigue sur l'écran et prendre du recul. Même pas. Mais depuis un mois je lis, je vois, j'entends la fatigue de mes collègues. Celles qui tiennent ce même discours de "La charge mentale", encore plus lourde. Sans jamais reconnaissance, ni aide autour.
Parfois j'en viens à haïr les personnes qui se plaignent d'avoir les enfants à la maison les "vivement le retour à l'école", et les "le télétravail avec les mômes c'est pas possible" qui font la une de tous les journaux. Ceux qui dépriment de ne plus voyager, de ne plus aller au resto ou au musée.
Nous on est enfermées toute la journée dans notre maison, on doit pas assurer le ménage, on doit être des modèles de non contamination. La journée, la surveillance est au maximum. Pas question de s'endormir 5 minutes pendant une sieste. Pas de pause. Pas de sortie. Et quand tout est fini, ménage, et repos...
Le weekend, c'est administration, rattrapper les devoirs pas fait, les soins, les courses et encore le ménage. Et quand tu peux tu dors. Jamais le temps de se ressourcer... Jamais le temps pour soi.
Un an que ça dure. Qu'on fait toutes le même constat. Certaines se mettent à detester les parents, leur boulot, leur prison. Moi je me ressource là. Parce que ce boulot je l'aime, ces enfants je les aime et mes parents employeurs sont de vraies ressources.
Je ne suis as exemplaire. Parfois le ménage n'est pas fait parce que je n'en peux plus. Parfois je fais des bisous. Parfois à l'exterieur j'enlève mon masque. Parfois quand je fais à manger je ne le mets pas. Puis ce midi je vais commander des pizzas parce que j'ai la flemme de faire à manger.
Alors chers collègues. Je sais. Je comprends. Je ne peux que comprendre votre fatigue et votre ras le bol. Celle que personne ne veut entendre. Celles dont les journalistes ne parlent pas. Pas assez vendeurs. Celles que les ministres oublient. Parce qu'il faut bien qu'il y ait quelques condamnés pour que la société tourne.
Je suis là. Je sais. Moi, je vous entends.
A la semaine prochaine ou pas.
Comme je te comprends, moi je vis la même chose (sauf que mes 2 filles sont étudiantes et ne vivent plus chez moi donc pas de soucis de devoirs ni de connection, moi c'est plus financier les soucis car oui du coup 2 étudiantes à financer et mon mari a perdu son emploi en septembre). Moi aussi j'adore mon boulot, les enfants que j'accueille. La j'ai des départs en septembre et j'avoue que j'angoisse d'accueillir un nouvel enfant et sa famille, même pas envie de recevoir des parents pour l'entretien, trop de fatigue, de complications, une première en 19 ans...
RépondreSupprimerMoi pour la première fois en 3 ans je me réveille fatiguée et « pas envie »... je sais que ça va pas durer mais c’est quand même grave je trouve
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