Alors tu travailles ou pas?

 Alalalalalalala... Si vous n'avez pas entendue parler des assistantes maternelle ces trois jours c'est que vous êtes confinés au fond d'une grotte en Ariège! Donc je vais être sympa je vais te faire un bref résumé de la situation.

Mercredi soir, Emmanuel Macron parle. Il annonce que les Crèches, écoles, collège et lycée resteront fermés. Comme nous sommes habitués au fait que personne ne s’intéresse à nous, que l'année dernière nous avons continués à travailler,  et que cette année nous avons un protocole, des masques et du gel hydroalcoolique, on ne s'est même pas posées la question... On récupère les enfants. 

Bon. Sauf que tu as un ou deux syndicats, et beaucoup de parents qui sont allés sur twitter et qui ont dit:

"euh... Moi je suis facteur, les assistantes maternelles elles prennent Roger, 6 mois?"

Bon il n'y avait pas que les facteurs hein... vous avez compris l'idée. 

Donc Adrien Taquet, ministre depuis 6 mois, (qui a communiqué avec nous une fois: "les assistantes maternelle! J'ai bien reçue vos 160 lettres. On les avait perdues mais on les a retrouvées. Merci!" (Genre il a du croire qu'on lui envoyait des cartes postales de nos vacance à Moncuq-les-bain) , oui la parenthèse à l’intérieur de la parenthèse est un concept), se dit soudain en consultant son twitter jeudi soir 

"Et merde! J'ai encore oublié les assistantes maternelles"

Il a donc décroché son téléphones "Hey Maurice, tu m'organises une petite réunion demain pour qu'on définisse si les assistantes parentales bossent ou pas.... Quoi?... Pourquoi l'ASE?? Ah non excuse je me suis trompé. Les assistantes... maternelles!!! Ah oui!!"

Donc réunion. 

"On va pas se faire chier cette année, l'année dernière elles étaient pas contentes de leur statut... En 5 min c'est plié. Cette année elles ne bossent pas: chomage technique, 80% du salaire. Quoi? Comment ça 84%??? On va pas donner ces 4% alors qu'elles changent des couches les meufs.... Tous le monde peut le faire!!! Regardez moi la semaine dernière avec Jutine, ma dernière.... Bref je m'égare. Maurice tu laisse fuiter ça sur l'afp Matignon histoire  qu'on prenne la température."

Twitter 20H51, branle bas de combat sur Twitter. "Ma femme commence à travailler Lundi on fait comment?", "Heu... Mais moi j'ai envie de travailler", "Mais je suis proooooooooof, je fais comment pour faire un cours en même temps que mon bébé de 6 mois prend le sein", "Je viens de commencer un contrat on va me virer c'est sur..."

 Adrien Taquet il se couche jeudi soir, et il voit tout ça, et il dit à sa femme...

- Putain elle font chier les nounous...

- Les assistantes maternelles chéri...

- Assistante parentales...

-... maternelles mon amour...

- Oui bah elles font chier.

Bon. Vous connaissez la fin de l'histoire. Finalement retour à l'année dernière; on accueille jusqu'à 6, et on ferme notre bouche. MOuahahhahaha

Moi je dis, "bravo Monsieur Taquet". Parce que grâce à votre caca diplomatique que vous venez de sortir, vous nous avez tout gagné.

Bah oui, celles qui veulent bosser, contre celles qui ne veulent pas bosser. 

 Pas qu'elles ne veulent pas par flemme ou par mécontentement. Non. Parce qu'elles ont peur, parce qu'elles n'en peuvent plus. Parce qu'elles ont aussi des enfants et qu'elle vont devoir gérer 2,3,4 enfants de moins de trois ans et dans le même temps apprendre à leur fille de 6eme à tracer au compas un triangle isocèle. Parce que dans leur programme cette semaine avec les enfants elles avaient prévu une chasse aux oeufs et d'aller au jardin planter des radis, et qu'elles vont devoir revoir leur programme parce que Tom en CE1, doit apprendre à faire une soustraction.

    N'oubliez pas Monsieur Taquet que quand on s’occupe d'enfants, c'est comme planter une graine...

 

 

 

 

Et puis... Y a celles qui veulent bosser. Parce que leur mari est restaurateur, cuisinier, publicitaire... Et que depuis un an c'est leur salaire qui fait tourner la baraque. Elles ont peur de passer perdre le peu d'avantage qu'elles ont et de tout perdre. Il y a celles aussi qui ont fait ce métier par vocation (attention ce n'est pas une comparaison avec les premières), et qui n'ont pas à coeur d'abandonner Constance dont la maman commence un nouveau travail mardi, Georges, dont le papi a le COVID et qui a des parents qui veulent le protéger le plus possible de cette tristesse ou Bob dont les parents sont en pleine séparation et retape la maison en s'engueulant toute la journée. Bah oui assistante maternelle, pour certaines c'est presque un métier sociale et je ne laisserais personne, juger de ce choix de travail.

Alors ça se tire dans les pattes, ça s'engueulent "Moi je veux bosser", "Inconsciente...", etc...

Et pendant ce temps là qui tire son épingle du jeu? Le gouvernement. 

Il a joué sur les peurs de chacune. Alors tu vas me dire? Il y a des solutions?

Bah oui. 

On est des adultes. Il suffisait de:

- Laisser le choix à chacun d'accueillir ou non.

- Rembourser ou proposer une prime à chaque assistante maternelle qui a une perte de salaire pour non accueil

- Proposer le vaccin en priorité pour chaque assistante maternelle afin de faciliter l'accueil dans la plus grande sécurité.

- Accueillir les enfants d'assistante maternelle dans les écoles, comme personnels prioritaires sans tenir compte du statut de leur conjoint afin qu'elles puissent assurer l'accueil des enfant et qu'elles leur soient dévouée à 100%.

Je suis en colère, parce que finalement, en utilisant toutes nos difficultés, toutes nos différence, les failles de notre métiers, nos peurs, et nos  angoisses, le gouvernement a gagné.

 - Il nous a divisé

- Il nous a fait passé pour des emmerdeuses qui ne savent pas ce qu'elles veulent "l'année dernière ça n'allait pas et ça va toujours pas cette année"

- Il a donné une image de nous de glandeuses et de travailleuses qui, dès qu'elles le peuvent vont refuser les enfant pour lire sur le canapé et siroter des mojitos sous le soleil de Paques (oui je rappelle que le "elles sont déjà à la maison, elles peuvent tout gérer" de Christelle Dubos, l'année dernière m'est encore rester dans le gosier). On entend déjà les "personnels prioritaires? Puis quoi encore? Elles sont chez elles!", ou les "Bah heureusement qu'elles bossent? On va faire comment nous avec les enfants de primaires?".

 Et nous voilà revenues à la case départ... Nous les surveillants de petits boulons , on n'a plus le droit au chapitre... Tout le monde a bien compris qu'on était à la merci des parents, qu'on garderait notre statut pourri. Il n'y a plus à discuter c'est plié. 

Alors cher collègues... Il est plus que temps.... Bien plus que temps, d'oublier nos querelles de se serrer les coudes et de manifester d'une manière ou d'une autre qu'on existe, qu'on est respectable et que sans nous, la preuve en est, la France ne tourne pas....

 Soyons fières de qui nous sommes et de notre rôle dans la société. Et faisons le savoir.

 A a semaine prochaine ou pas.